La politique et les prix élevés de l'énergie accélèrent la transition énergétique mondiale

Columbia Threadneedle Investments

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«La raréfaction des énergies fossiles a entraîné une accélération des investissements dans les énergies propres», constate la gérante actions mondiale Pauline Grange.

Face à la hausse des prix du gaz naturel et du charbon, les énergies propres sont aujourd'hui de loin le moyen le plus rentable de produire de l'électricité dans le monde lors de la mise en service de nouvelles capacités de production. «La raréfaction des énergies fossiles a entraîné une accélération des investissements dans les énergies propres», constate Pauline Grange, gérante de portefeuille actions mondiales chez Columbia Threadneedle Investments, dans un récent commentaire de marché. «Dans l'UE, par exemple, l'augmentation de la capacité de production d'énergie éolienne et solaire a permis à l'énergie propre de couvrir 24% des besoins énergétiques entre mars et septembre de cette année, soit le niveau le plus élevé jamais atteint sur une période de six mois».

Progrès au niveau politique

Le troisième trimestre aurait également été marqué par des progrès décisifs en matière de soutien politique aux énergies renouvelables. Ainsi, le gouvernement indien a approuvé un plan climatique actualisé et s'est ainsi engagé à réduire l'intensité des émissions de son PIB de 45% d'ici 2030 par rapport au niveau de 2005 (contre 33-35% auparavant). Pour ce faire, 50% de la production totale d'électricité devrait provenir de ressources énergétiques non fossiles - éolien, solaire, nucléaire et hydroélectrique - d'ici 2030. Selon Grange, l'étape la plus importante dans le soutien à la politique climatique a toutefois été franchie aux Etats-Unis avec l'adoption de l'Inflation Reduction Act (IRA) en août.

US Inflation Reduction Act - l'étape la plus importante pour la politique climatique

Grâce à d'importants crédits d'impôt et à un soutien financier, cette loi incite à l'utilisation d'énergies propres et à la conversion de la demande en énergie dans les secteurs essentiels à la décarbonisation de l'économie américaine. La loi prévoit au moins 369 milliards de dollars de subventions sur les dix prochaines années pour les énergies renouvelables, l'hydrogène vert, les véhicules électriques, le captage et le stockage du carbone, les bâtiments à haute efficacité énergétique et l'agriculture durable. «Sous couvert de lutter contre l'inflation en donnant accès à une énergie bon marché, l'un des principaux objectifs de cette législation est de rapprocher les Etats-Unis de leur objectif de réduction des émissions de 40% d'ici 2030», explique l'experte en investissement de Columbia Threadneedle.

Mobilisation possible de 1,7 billion de dollars d'investissements

Les entreprises pourront bénéficier de crédits d'impôt gouvernementaux au cours des dix prochaines années au moins. Cela permettra d'augmenter considérablement l'attractivité économique des énergies renouvelables et autres technologies vertes, ce qui est essentiel pour leur diffusion. «Etant donné que les crédits d'impôt ne sont pas plafonnés et que l'effet multiplicateur des subventions et des prêts fédéraux joue, le total des dépenses liées aux investissements privés et aux programmes de financement vert pourrait atteindre près de 1’700 milliards de dollars au cours des dix prochaines années». Selon Pauline Grange, le soutien à la production d'hydrogène vert et à la mobilité électrique permettra d'augmenter la demande d'énergies renouvelables.

La poussée de la demande crée des opportunités d'investissement

Avec l'IRA, les Etats-Unis poursuivent également l'objectif de promouvoir les technologies vertes et de réduire leur dépendance vis-à-vis de la Chine dans les chaînes d'approvisionnement des panneaux solaires et des batteries. De l'avis de l'experte, la loi pourrait également générer davantage d'investissements tout au long du cycle de vie des technologies vertes. La loi et la poussée de croissance qui en résulte pour le secteur devraient avoir un effet positif sur le fournisseur américain Nextera Energy, qui est leader du marché américain de l'énergie éolienne, solaire et du stockage par batterie avec 20%. Avec la propagation des énergies renouvelables, le besoin de stockage d'énergie augmente également pour compenser les fluctuations de la production et de la consommation. Grange estime que les fabricants de batteries, comme le coréen Samsung SDI, sont bien positionnés pour profiter de la demande croissante de batteries automobiles et de stockage stationnaire de batteries aux Etats-Unis.

La production d'énergie se fait toujours au détriment de l'environnement

La gérante de portefeuille observe également que l'opposition à l'énergie nucléaire diminue dans le monde entier. L'IRA prévoit par exemple des allègements fiscaux pour la poursuite de l'exploitation des centrales nucléaires américaines d'une puissance de 20GW jusqu'en 2030, qui devraient en fait être retirées du réseau. Mais les énergies renouvelables ont également un coût environnemental, par exemple pour la production d'éoliennes et de panneaux solaires ou l'utilisation de terres. Pauline Grange: «En ce sens, la consommation incontrôlée d'énergie doit cesser. Nous devons tous nous limiter».

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