La plomberie et la poésie

Igor de Maack, Vitalépargne

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Le fondateur de LinkedIn, Reid Hoffman, avait coutume de dire qu’en matière d’investissements fructueux (financiers ou personnels d’ailleurs), il était d’abord question de plomberie et de poésie, deux pratiques a priori fort éloignées.

L’INSTANT MARCHÉ FINANCIER

La plomberie c’est l’analyse pratique d’un investissement (conditions matérielles, étude de marchés, problématique logistique, accès au financement…) et la poésie c’est le but ultime, c’est un rêve: changer la société, devenir un sportif de haut niveau, offrir une nouvelle technologie etc… Et pour réussir selon lui, il faut nécessairement embrasser les deux rôles.

L’année boursière qui est en train de se terminer n’a pourtant rien d’un poème de Victor Hugo. Un conflit ancien a resurgi au Proche-Orient. Le prix du pétrole (84$/baril) et de certaines denrées alimentaires (ex: sucre qui a bondi de 40% en un an) demeurent élevés et ponctionnent les poches des agents économiques (notamment européens puisque nous n’avons que très peu de matières premières à part agricoles).

L’once d’or a joué comme souvent le dernier refuge refranchissant la barrière des 2000 dollars l’once. Néanmoins, et malgré une croissance qui s’est affaissée tout au long de l’année, les indices actions mondiaux ont progressé (CAC 40 +12%) et particulièrement l’indice phare des valeurs technologiques américaines (Nasdaq +36%).

La concentration des performances de certaines valeurs (GAFAM) a totalement distordu les performances des portefeuilles et des allocations d’actifs. Les taux d’intérêt se sont heureusement apaisés redonnant une bouffée d’oxygène aux positions obligataires qui offrent des rendements embarqués attractifs. En effet, le taux d’intérêt US à 10 ans est passé de 4,95% à 4,3%.

Les liquidités restent très généreusement rémunérées et une majorité d’épargnants préfère actuellement des positions d’attente en plaçant leur argent sur des comptes/dépôts à terme (CAT/DAT).

Contrairement aux prédictions des pythies médiatiques, le monde ne s’est pas encore écroulé et la guerre nucléaire agitée par certains gouvernants ne s’est pas produite. Bien sûr, le cycle de consommation est contrarié et la confiance est moindre en raison des tensions géopolitiques. Les opportunités d’investissement sont certainement plus complexes à dénicher. Et la perspective des élections américaines en 2024, qui pourraient tourner au mauvais western de cow-boys dans un saloon, ne rassure point.

Cependant, l’investisseur peut et doit continuer d’avoir des objectifs (le poète) en mettant en place sa «tuyauterie et sa stratégie» (le plombier). Une combinaison d’actions et de positions (obligataires ou structurées) à rendement généreux devrait pouvoir apporter une performance durable sur le moyen terme.

Météo des marchés

La valeur du mois: GENERAL MOTORS

Alors que la grève des ouvriers dans le secteur automobile américain a entamé les marges des entreprises, General Motors a annoncé vouloir récompenser ses actionnaires par un rachat d’actions géant (10 md$) et une hausse de son dividende annuel (+33%).

Le mot de la fin

Lors de la grande extinction de l’ère du Permien sur la Terre (il y a 250 millions d’années), un herbivore en bas de l’échelle des espèces, le lystrausorus, fut un des seuls rescapés grâce à la pratique de l’hibernation.

Il aurait ainsi participé à la renaissance de la vie sur notre planète rappelant le principe biblique «les premiers seront les derniers et vice versa».

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