La persévérance, maître-mot de l’investissement en valeurs technologiques

Torsten von Bartenwerffer, Fisch Asset Management

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Malgré des fluctuations considérables, le Nasdaq a engrangé une performance totale de 13% par an en moyenne depuis 1985, soit bien plus que tous les autres grands indices.

Même si cela fait à peine un an, l’envolée des actions FAANG – Facebook (Meta), Amazon, Apple, Netflix et Google (Alphabet) – a déjà disparu de la conscience collective des investisseurs. Ce n’est pas la première fois que les valeurs technologiques surévaluées connaissent un atterrissage brutal. Entre 2000 et 2022, l’indice Nasdaq avait effacé les gains spectaculaires des années précédentes en perdant 83% de sa valeur. Pas un investisseur ou presque n’avait alors résisté à ces pertes massives. Toutefois, les actions de croissance portées par la technologie constituent le segment d’investissement le plus rémunérateur à long terme. Malgré des fluctuations considérables, le Nasdaq a engrangé une performance totale de 13% par an en moyenne depuis 1985, soit bien plus que tous les autres grands indices.

L’innovation et la technologie font tourner l’économie et les marchés financiers. La raison en est simple: l’augmentation de l’efficacité. Tout le monde connaît la loi de Moore qui veut que la puissance de calcul d’un microprocesseur double tous les deux ans. Des lois semblables s’appliquent par exemple à la lumière électrique, au séquençage de l’ADN ou à l’efficacité des prix des panneaux solaires. Cette course à l’efficacité fait que de nouvelles entreprises s’emparent des parts de marché de leurs concurrents établis, créent de nouveaux débouchés, sont plus efficaces sur le plan organisationnel et peuvent croître plus rapidement grâce à leurs investissements. A posteriori et vu d’en haut, le constat est simple: il aurait été judicieux (du point de vue du rendement) d’avoir investi dans certaines valeurs technologies aujourd’hui bien connues.

Mais deux problèmes se dressent en travers du chemin: premièrement, le biais des survivants, car bien peu d’entreprises candidates à l’investissement ont survécu. C’est notamment le cas des petites et moyennes capitalisations. Deuxièmement, la trajectoire de rendement est émaillée de déceptions. Ainsi, les investisseurs Amazon ont dû subir jusqu’à 94% de pertes entre 1999 et 2001, tandis qu’Apple perdait près de 80% de sa valeur entre 1992 et 1997. Cette année, le cours de Netflix a dévissé de près de 75%. Certes, il reste tout même un rendement annualisé de plus de 34% sur les 20 dernières années, mais rares sont les investisseurs capables de résister à de telles fluctuations.

La question de la persévérance a été abordée sous une autre forme dès le 18e siècle par Daniel Bernoulli, mathématicien et physicien. Pour simplifier, la valeur d’une chose n’est pas exclusivement déterminée par son prix, mais par son utilité. Celle-ci repose sur la situation de la personne qui évalue, donc sur son aversion au risque et son ressenti asymétrique des pertes. En conséquence, la volatilité des valeurs technologiques n’est pas tenable en raison de cette utilité amoindrie, même si la «persévérance» serait optimale sur le long terme du point de vue purement financier. Les conditions de marché actuelles le confirment.

C’est la raison pour laquelle il est intéressant de résoudre deux problématiques d’investissement particulièrement importantes. Premièrement, le risque accru du côté des petites et moyennes capitalisations: si celles-ci produisent de bons rendements en cas de réussite, il y a peu d’élus. Deuxièmement, la difficile soutenabilité de l’investissement en actions technologiques. Ces dernières sont rémunératrices lorsque le contexte s’y prête, mais subissent des pertes significatives en phase de contraction économique. Une solution judicieuse consisterait, selon nous, à combiner des petites et moyennes capitalisations axées sur l’innovation avec de grandes valeurs technologiques et des «blue chips» à dividendes élevés. La bonne gestion du cycle global de liquidité et conjoncturel joue un rôle déterminant dans la pondération des différents segments.

S’agissant de la mise en œuvre, les emprunts convertibles se prêtent bien à l’allocation en petites et moyennes capitalisations. Avec un «airbag» intégré sous la forme de la composante d’option et de la convexité qui en résulte, les emprunts convertibles permettent d’investir dans de petites entreprises risquées tout en limitant les risques de pertes.

Le second volet de la mise en œuvre concerne les grandes capitalisations. À cet égard, il faut tenir compte du cycle de liquidité et conjoncturel pour la gestion de la composante d’actions, dans la mesure où la création de liquidité centralisée renchérit le prix des placements financiers. En intégrant astucieusement les statistiques, il est possible d’adopter un positionnement ciblé sur des actions de croissance ou des titres à dividendes de qualité défensifs afin d’encourager la persévérance et d’optimiser la performance à long terme.

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