La renaissance du multi-asset

Torsten von Bartenwerffer, Fisch Asset Management

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Le rebond estival des cours sur le segment obligataire n'a peut-être été qu'un feu de paille, car le mois de septembre est reparti sur la faible tendance premier semestre.

Durant la phase de normalisation qui a suivi la pandémie, l’équilibre entre l’offre et la demande de biens et de services a été rompu. La hausse des prix en est le symptôme, les liquidités surabondantes dans la quête de biens et de services trop peu nombreux en sont la cause. Les événements géopolitiques et les liens de dépendance énergétiques n’ont pas aidé: l’inflation a explosé. Il est désormais clair que les banques centrales ne veulent pas augmenter les taux d’intérêt, mais qu’elles y sont contraintes. Souhaité pendant des années, un épisode inflationniste violent nous frappe aujourd'hui. D'abord considérées comme 'temporaires', elles ont fait l'objet d'une rhétorique agressive pour gagner du temps. Les relèvements de taux sont maintenant à l’ordre du jour.

Lorsque la liquidité est retirée du marché, toutes les classes d’actifs sont automatiquement surachetées. Pour cette raison, les placements multi-asset perdent, au moins pour un temps, leurs propriétés de diversification. Ces derniers mois, nous avons assisté à une «vague de liquidation» des placements multi-asset, mais aujourd’hui, ceux-ci se retrouvent à nouveau en bonne posture. La diversification est appelée à recouvrer ses vertus. La hausse des taux d’intérêt implique une augmentation des rendements et un meilleur potentiel de diversification pour les placements sûrs: les taux d’intérêt ont de nouveau la possibilité de baisser en période de crise. S’ils étaient encore beaucoup trop bas il y a quelques mois par rapport à la croissance économique et aux anticipations d’inflation, ils sont aujourd’hui revenus à de «justes» niveaux.

La phase de marché actuelle, caractérisée par une inflation forte et des taux d’intérêt en hausse, prendra fin un jour, laissant place à une période d’inflation élevée, mais en lente décrue. Les secteurs qui ont le plus souffert ces deux dernières années pourraient donc être les grands gagnants de demain. Vaut-il donc la peine d’investir dans les fonds multi-asset? La diversification redevient intéressante dans la perspective d’une inflation en baisse, et donc d’une plus grande marge de manœuvre pour l’économie et les banques centrales, mais aussi d’emprunts attractifs sur fond d’incertitudes macroéconomiques. Pour les stratégies multi-asset, c’est surtout le cas des classes d’actifs convexes, par exemple, les emprunts convertibles.

Selon nous, la réussite d’une approche multi-asset dépend de trois choses: premièrement, une allocation d’actifs stratégique stable qui, dans l’optique d’un portefeuille équilibré, assure la captation des primes de risque à long terme. Deuxièmement, une gestion active qui surfe avec succès sur les cycles d’inflation et conjoncturels futurs. Troisièmement, l’intégration de la convexité dans la structure du portefeuille, car les investisseurs devront se préparer à des turbulences de marché et à des crises plus fréquentes dans la période post-pandémique. En conséquence, l’incertitude permanente ainsi que la hausse des taux d’intérêt et des rendements obligataires conjuguée à un reflux de l’inflation à moyen terme constituent un terreau favorable à la diversification. Les secteurs les plus durement touchés ces deux dernières années présentent un potentiel de rattrapage, ce qui redonne de l’attrait aux fonds multi-asset.

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