La motivation des cadres change, leur mobilité s’accélère

Anne Barrat

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L’étude de rémunération Robert Walters, présentée par Guillaume Blanchin, conclut à une reprise de pouvoir des candidats dans une Suisse en quasi plein emploi. La confiance règne.

Bonnes nouvelles sur le front de l’emploi des cadres en Suisse: ils sont optimistes quant à leur rémunération, envisagent leur mobilité avec sérénité et sont de plus en plus nombreux à quitter le confort d’un CDI pour déployer leur expertise dans le cadre de missions ponctuelles hautement rémunérées, préférant la qualité à la quantité. Tels sont les principaux enseignements de l’étude de rémunération 2022 du cabinet Robert Walters, qui dresse un panorama réjouissant des perspectives d’évolution des salaires des cadres et des tendances de leur recrutement en Suisse.

«La mobilité que l’on constate chez les cadres reflète une situation très favorable pour cette catégorie d’actifs.»

En 2022, 36% des cadres suisses s’attendent à obtenir une augmentation significative, 56% à obtenir un bonus et 50% envisagent de changer d’emploi. Rien d’étonnant à ce que, symétriquement, 72% des entreprises suisses soient inquiètes face à la pénurie de compétences et de talent. Une pénurie qui concerne en particulier certains secteurs et certains profils explique Guillaume Blanchin, directeur de Robert Walters Genève: «La mobilité que l’on constate chez les cadres reflète une situation très favorable pour cette catégorie d’actifs. On peut aller jusqu’à parler de plein emploi pour certains secteurs, je citerais notamment: la tech au sens large, les banques privées, les fintech, et le négoce des matières premières. Certains profils sont les grands gagnants, parmi lesquels les software engineers, les experts en cybersécurité, les professionnels de la compliance, les spécialistes de la blockchain,…». Souvent des métiers qui sont nouveaux et pour lesquels l’offre est plus rare que la demande. Les profils généralistes sont moins bien lotis, reconnaît Guillaume Blanchin, mais la confiance reste de mise, qui est beaucoup plus élevée en Suisse que chez ses voisins européens pour cette catégorie professionnelle des cadres. Un constat qui vaut davantage dans les grands centres – Bâle, Zurich, Genève – que dans le reste de la Suisse.

La rémunération prend du galon

Les motivations des cadres changent, souligne Guillaume Blanchin. «La culture et les valeurs de l’entreprise occupent toujours le premier rang des critères de satisfaction des cadres. Inclusion, diversité, responsabilité sociale: depuis une dizaine d’années, les candidats posent toujours plus de questions sur ce que j’appellerais un «pacte global» qui inclut également la flexibilité de l’organisation du travail. Pour des cadres qualifiés et fortement en demande, ces éléments sont déterminants dans leur décision d’accepter un emploi. Mais cette année, la rémunération vient en 3e position (contre 6e auparavant). Cette montée en puissance reflète non seulement les tensions sur le marché de l’emploi mais aussi les tensions inflationnistes actuelles. Sans oublier la guerre des talents, une variable clé dans le contexte professionnel d’aujourd’hui.» Une guerre qui est au cœur des préoccupations des entreprises, qui se plaignent de rencontrer des difficultés de recrutement: 85% se disent être préoccupées quant à la rétention de leurs collaborateurs. La solution? Répondre à la soif de flexibilité de leurs collaborateurs, fortement accentuée par la crise sanitaire qui a démontré l’efficacité du travail à distance. 

«Il est de plus en plus courant de voir des cadres confirmés quitter un contrat permanent pour s’engager sur un mandat de 7 à 9 mois.»
Flexibilité dans l’organisation du travail et qualité de vie

Le rapport de force se serait inversé selon Robert Walters: les entreprises auraient peur de perdre leurs cadres, ces derniers se sentiraient moins fidèles. Une illustration de cette tendance est la forte croissance de l’interim management: «il est de plus en plus courant de voir des cadres confirmés (15 à 20 ans d’expérience) quitter un contrat permanent pour s’engager sur un mandat de 7 à 9 mois (durée moyenne). Leurs motivations? Une mission ou leur expertise est très valorisée, une indépendance d’actions forte, un niveau élevé de rémunération, le tout sans enjeu de politique interne puisque la majorité de ces collaborations n’ont pas vocation à se pérenniser. Le pendant de cette flexibilité, permettant parfois de faire une pause de plusieurs mois entre deux missions est une très forte implication et disponibilité durant la mission. La situation du marché suisse de l’emploi des cadres permet à ces derniers d’envisager une autre manière de gérer leur carrière, qui laisse davantage de place à la recherche d’un style de vie et d’un équilibre entre vie personnelle et professionnelle plus harmonieux, conclut Guillaume Blanchin.»

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