La BCE dans les pas de la Fed

Franck Dixmier, Allianz Global Investors

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Nous anticipons une hausse des taux de 75pb lors de la prochaine réunion de la Banque centrale européenne, le 8 septembre.

  • Compte tenu du niveau de l’inflation et des incertitudes quant à son évolution, pour la BCE il y a moins de risques à en faire plus qu’à en faire moins.
  • Cette hausse de 75pb est bien anticipée par les marchés. En revanche, un discours très hawkish, tel que nous l’attendons, pourrait participer à une correction à la hausse des anticipations de futures hausses des taux.

Avec l’inflation qui a progressé de 9,1% sur un an en zone euro au mois d’août (soit une inflation cœur à +4,3%), preuve que la hausse des prix tend à se diffuser dans l’économie, et des taux court terme à 0%, jamais, dans l’histoire de la Banque centrale européenne, la déconnection n’avait été aussi forte entre inflation et politique monétaire.

Incapable de qualifier et d’anticiper la hausse des prix qui a d'abord fait suite au choc d’offre engendré par la crise sanitaire, puis à l’augmentation vertigineuse des prix de l’énergie provoquée par la guerre en Ukraine, la BCE a accumulé un retard conséquent dans la normalisation de sa politique monétaire. Au-delà d’un problème majeur de crédibilité, il en va du respect de son seul et unique mandat, garanti par les traités : la stabilité des prix.

Le symposium de Jackson Hole du 27 août dernier a donné à Isabel Schnabel, membre exécutive du Board de la BCE, l’occasion de remettre les pendules à l’heure. Elle y a annoncé la détermination de la BCE d’agir fortement afin d’ancrer les anticipations d’inflation et a souligné qu’il y avait sans doute moins de risques à en faire plus qu’à en faire moins. Depuis, les différentes prises de paroles des membres du conseil des gouverneurs indiquent que le débat est lancé sur le calibrage de la prochaine hausse des taux, qui se situerait entre +50pb et +75pb.

Nous anticipons une hausse des taux de 75pb, qui semble nécessaire compte tenu du retard pris, mais aussi de la faiblesse de l’euro qui, légèrement sous la parité contre le dollar américain, ajoute à l’inflation importée.

Ainsi, dans la continuité des propos d’Isabel Schnabel, nous estimons que la prochaine réunion devrait permettre à Christine Lagarde de réaffirmer plus clairement encore la détermination de la BCE et sa priorité absolue de revenir à son objectif de stabilité des prix. Christine Lagarde devrait donc s’inscrire dans le message de la Réserve fédérale (Fed) énoncé à Jackson Hole : la priorité est à la lutte contre l’inflation, quelles qu’en soient les conséquences sur la croissance. Face au manque de visibilité sur l’évolution du niveau des prix, en large partie dû aux incertitudes sur le conflit en Ukraine, les banques centrales maintiendront les taux à un niveau élevé, et ce malgré la conjoncture. Elles n’infléchiront pas leur politique tant qu’elles n’auront pas la certitude que l’inflation est sur une trajectoire conforme à leur objectif de stabilité des prix.

La publication lors de la prochaine réunion des prévisions économiques de la BCE sera l’occasion de confirmer cette approche. Le ralentissement de l’activité en zone euro attendu en 2023 ne devrait pas peser sur l’orientation de la politique monétaire.

Cette hausse de 75pb des taux est anticipée à 90% par les marchés et ne devrait donc pas constituer une grande surprise. En revanche, un discours très hawkish tel que nous l’attendons pourrait participer à une correction à la hausse des anticipations de futures hausses des taux, et alimenter la correction obligataire en zone euro que nous constatons depuis le début du mois d’août. En conséquence, il semble prématuré de revenir sur les obligations en zone euro.

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