La bonne nouvelle de l’été: la détente de l’inflation

Clémentine Gallès, Société Générale Private Banking

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Si certains indicateurs récents font craindre un ralentissement plus marqué qu’anticipé des économies développées, la baisse de l’inflation se confirme aux Etats-Unis et en Europe.


La crainte d’un ralentissement économique marqué agite les marchés

Les principales économies ont envoyé des signaux moins favorables durant l’été. Aux Etats-Unis, des indicateurs avancés déçoivent tandis que le marché du travail se dégrade légèrement. En Europe, la faiblesse de l’activité allemande et les difficultés politiques de différents pays, dont la France, font craindre un ralentissement plus marqué. En Chine, la morosité de la demande interne persiste. Ces signaux ont provoqué un regain de volatilité sur les marchés, avec une correction des indices actions et une baisse des taux d’intérêt, en particulier aux Etats-Unis.

Ces derniers mois, la détente de l’inflation s’est confirmée et inciterait les principales banques centrales à normaliser plus rapidement leurs politiques. La baisse effective de l’inflation et la détente des taux d’intérêt permettraient de redonner de l’air aux économies. Les Etats-Unis ralentiraient ainsi seulement progressivement, bénéficiant toujours des bilans financiers solides du secteur privé. En Europe, l’activité resterait modérée mais positive.

La Réserve fédérale attentive au marché du travail

Après avoir été particulièrement dynamique depuis le Covid, le marché du travail se détériore légèrement aux Etats-Unis et alimente les craintes de récession. Pour autant, cette évolution semble davantage correspondre à une normalisation après une période atypique. D’ailleurs, les entreprises continuent d’afficher une situation financière très favorable, avec de très bons résultats et ne devraient pas enclencher à court terme un processus de réduction drastique de leurs effectifs.

En parallèle, les ménages américains continuent de bénéficier d’une amélioration de leurs revenus, notamment en termes réels. Enfin, la Réserve fédérale (Fed) pourrait normaliser assez rapidement sa politique. En effet, elle affiche officiellement deux objectifs: l’inflation et le taux de chômage. Avec l’épisode récent de très forte inflation, elle a clairement mis la priorité sur ce premier objectif, assumant un risque de ralentissement marqué de l’économie. Dorénavant, l’inflation ayant confirmé sa détente, la Fed pourrait bien diminuer ses taux d’intérêt afin de limiter la progression du taux de chômage.

Dans le reste du monde, des banques centrales en ordre de marche dispersé

En Europe, l’économie allemande continue d’envoyer des signaux de faiblesse. Elle s’est révélée particulièrement vulnérable aux trois chocs récents: la crise Covid, la Guerre en Ukraine et l’évolution de l’économie chinoise. L’Allemagne représentant un tiers de l’économie de l’union monétaire, son atonie pèse mécaniquement sur l’activité de la zone euro. Dans un contexte où l’inflation semble enfin confirmer sa détente (inflation à 2,2% sur un an en août dernier), la Banque Centrale Européenne (BCE) pourrait être tentée de desserrer plus nettement ses conditions monétaires, donnant ainsi de l’air à l’économie allemande, et plus globalement à l’ensemble des économies de la zone euro.

Aujourd’hui les marchés anticipent deux baisses des taux d’ici la fin de l’année et six d’ici un an. Si les signaux conjoncturels et d’inflation se confirment, la BCE pourrait vouloir aller plus vite et plus fort (jusqu’à trois baisses cette année).

La Banque d’Angleterre a décidé de baisser ses taux en août et pourrait faire de même en novembre à l’occasion de ses nouvelles projections macro-économiques. De plus, dans la mesure où l’inflation a reflué vers la cible (2,2% sur un an en juillet dernier) et est susceptible de se maintenir autour de ce niveau dans les mois à venir, une nouvelle baisse de taux en décembre semble possible.

La Banque nationale suisse (BNS) a quant-à-elle devancé la Fed et la BCE en baissant son taux directeur dès le début de cette année, grâce à une inflation qui est restée nettement plus contenue et qui a reflué plus rapidement. Elle pourrait poursuivre la détente de sa politique monétaire, à l’image des autres banques centrales, comme l’anticipent les marchés, qui tablent aujourd’hui sur 50 points de base de baisse d’ici fin décembre.

Ayant surpris les marchés en augmentant ses taux fin juillet, la Banque du Japon (BoJ) devrait quant à elle poursuivre son cycle de hausse de taux. Le pic d’inflation semble désormais dépassé, l’inflation totale étant restée stable en juillet dernier à 2,8% sur un an et l’inflation sous-jacente légèrement en repli a 1,6%. Il semblerait donc que la longue période de déflation soit finie, ce qui devrait encourager la BoJ à poursuivre son processus de normalisation monétaire progressive.

Des marchés plutôt bien orientés

Le contexte de croissance toujours positive et de baisse des taux semble propice aux actions des économies développées. Pour autant, la confirmation du ralentissement économique devrait inciter à une certaine prise de profits sur les marchés ayant le plus progressé depuis le début de l’année: le marché américain et les segments croissance. Les marchés européens restent attractifs pour leurs valorisations attrayantes et la prépondérance des valeurs décotées. En parallèle, les marchés obligataires permettent de tirer profit de la détente attendue des taux et continuent d’offrir une possible protection en cas de correction plus marquée.

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