La Banque centrale européenne doit s’en tenir au scénario qu’elle a communiqué précédemment, si elle veut éviter de perturber le marché.
Malgré l’agitation du marché autour de l’effondrement de la SVB, une hausse de 50 points de base sera probablement annoncée lors de la réunion de la BCE de cette semaine. Voici pourquoi.
Tout d’abord, les données relatives à l’inflation de base de l’IPC ont créé une surprise significative à la hausse. De nombreux observateurs estiment désormais que l’inflation de base de l’IPC se maintiendra aux niveaux actuels, et certains avancent même qu’elle pourrait atteindre 6% avant l’été, date à laquelle l’inflation de l’IPC est susceptible de baisser. Ces chiffres élevés de l’inflation de base maintiendront la BCE en mode «hawkish», malgré l’instabilité actuelle du marché.
La BCE a également d’importantes raisons de maintenir un relèvement de 50 points de base cette semaine, pour des raisons de stabilité financière. Si la présidente Christine Lagarde a précisé que l’«intention» de relever les taux de 50 points de base n’est pas un engagement préalable, elle a également souligné qu’il faudrait un scénario extrême pour que la BCE ne suive pas cette intention. Si la BCE procède à un relèvement de 25 points de base, les marchés financiers recevront le signal que les banques de la zone euro pourraient être vulnérables à des risques similaires à ceux du système bancaire américain. La BCE doit s’en tenir au scénario qu’elle a communiqué précédemment, si elle veut éviter de perturber le marché.
Malheureusement, comme c’est le cas fréquemment, de nombreux facteurs viennent compliquer la situation. Les prévisions d’inflation à moyen terme ont baissé de 3% à 2,5%, ce qui conforte l’idée que la politique monétaire est déjà suffisamment restrictive.
En ce qui concerne les ménages de la zone euro, l’écosystème macrofinancier est déjà soumis à des tensions. Toutefois, la demande de crédit et les conditions de prêt pour les entreprises ne se sont pas dégradées autant que lors des précédentes récessions.
Enfin, toute contagion de la SVB au système bancaire européen pourrait entraîner un resserrement du crédit, ce qui ferait entrer l’économie en récession. Par ailleurs, les risques d’une nouvelle flambée des prix du gaz durant l’été, lorsque les pays remplissent généralement leurs stocks pour l’hiver, subsistent. Ces éléments auront pour conséquence que la BCE sera, selon moi, beaucoup plus vague quant à son orientation monétaire future - elle pourrait même dire qu’elle opte pour une approche centrée sur les données (pour utiliser le langage de la Fed).