Le nouveau gouvernement allemand devrait redéfinir sa politique économique

Tomasz Wieladek, T. Rowe Price

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Post élections, l'accent devrait être mis sur une politique fiscale verte et une réattribution des dépenses.

La politique économique allemande devrait changer de direction après les élections de cette fin de semaine. Il est presque certain que le parti des Verts fera partie de la nouvelle coalition gouvernementale. Des objectifs plus agressifs en matière de réduction des émissions de carbone, une augmentation des dépenses pour rénover les infrastructures et une hausse des taxes sur la consommation d'énergie brune sont attendus. Cela pourrait conduire à une vente de bunds l'année prochaine.

Le résultat précis des élections du 26 septembre reste incertain. Quoi qu'il arrive, cette élection sera un moment décisif. Les sondages indiquent qu'une coalition dirigée par le SPD et les Verts serait le résultat le plus probable. Dans ce scénario, la politique économique prendra une direction très différente de celle prise par le gouvernement de la chancelière Angela Merkel au cours des 16 dernières années. Elles se concentreront sur un accès facilité aux prestations sociales, sur la réattribution des dépenses et sur une utilisation plus proactive de la politique fiscale afin de réaliser la transition vers une économie zéro carbone dans les 20 prochaines années.

Au niveau européen, le parti des Verts propose de faire du Fonds de Relance un outil pérenne, ajoutant ainsi un instrument de politique fiscale au répertoire des institutions européennes. Le passage inévitable à un programme législatif plus axé sur l'environnement devrait s'avérer structurellement baissier pour les bunds – un résultat qui n'est pas entièrement pris en compte dans les valorisations actuelles.

Des politiques vertes, plus de dépenses et une plus grande redistribution

Quelle que soit la composition exacte de la coalition, il est presque certain que de nouvelles mesures favorisant la transition de l'Allemagne vers les technologies vertes feront partie du programme législatif du prochain gouvernement. Les Verts se sont engagés à dépenser 500 milliards d'euros pour le développement durable au cours de la prochaine décennie afin d’accélérer la transition de l'Allemagne vers les énergies renouvelables, ce qu'ils entendent réaliser en combinant des investissements dans les infrastructures et une augmentation des taxes sur le carbone. Afin d’aider à financer ces plans de dépenses ambitieux, le parti souhaite réviser le «frein à l'endettement» de l'Allemagne, qui empêche les gouvernements de trop s'endetter, et d'augmenter les taxes sur la richesse et les hauts revenus. Il s'est également engagé à porter le salaire minimum à 12 euros de l'heure (26% de plus que le niveau actuel) au cours des 100 premiers jours de son mandat.

La capacité des Verts à faire passer son programme ambitieux dépendra du choix de son principal partenaire de coalition, à savoir la CDU ou le SPD.

Des rendements plus élevés pour les bunds en 2022

Le changement imminent de la politique économique allemande a des implications importantes pour l'économie du pays et le prix des actifs.

Le nouveau gouvernement allemand va probablement assouplir le frein à l'endettement. La voie de la moindre résistance consiste à financer un véhicule spécial pour les investissements verts avec de la dette publique. Pour être exclu du frein à l'endettement, le produit doit être administré par des gestionnaires de fonds indépendants, non par le gouvernement. Le frein à l'endettement pourrait également être suspendu pendant plusieurs années en raison de risques de «catastrophes naturelles», ce que la loi autorise. Une dernière option consiste à exclure de manière permanente les investissements verts du frein à l'endettement, mais cela nécessiterait une approbation des deux tiers du Parlement allemand - une condition plus haute que celle que toute coalition gouvernementale peut atteindre.

Le SPD et les Verts ont fait des promesses clés en matière de redistribution et d'accès à la sécurité sociale. Afin d’aider les ménages les plus modestes à assumer les coûts de la transition écologique, une augmentation du salaire minimum, voire une redistribution directe, est envisageable. La dernière fois que le SPD était au pouvoir, il a mis en œuvre des réformes du marché du travail. Celles-ci ont conduit à plus grande vérification des ressources de sécurité sociale et à une augmentation de la participation au marché du travail des personnes âgées de 55 à 65 ans, qui est passée d'environ 45% au début des années 2000 à environ 75% aujourd'hui. Cependant, la popularité du SPD a baissé après ces réformes. Son manifeste actuel cherche à revenir partiellement sur certaines de ces réformes passées afin de regagner en popularité auprès de son électorat.

Les effets économiques de l'ensemble de ces politiques seront importants. Depuis le début des années 2000, l'Allemagne épargne beaucoup plus qu'elle n'investit. Cet excès de réserves a non seulement réduit le rendement des obligations, mais aussi celui des actions. Le programme d'investissement vert réduira cet excès d'épargne en augmentant l'investissement. La redistribution des revenus des ménages les plus aisés vers les ménages les moins aisés, qui ont tendance à consommer une plus grande partie de leurs revenus, augmentera la consommation et réduira l'épargne. Un filet de sécurité sociale plus solide devrait également entraîner une diminution de l'épargne prudente des ménages. Enfin, l'augmentation de l'émission d'obligations pour financer la transition vers le taux zéro pousserait les rendements à la hausse. Collectivement, ces politiques pourraient déclencher une forte baisse des rendements des obligations en 2022.

Nous pensons que l'impact sur les marchés d'actions sera plus mitigé. Les bénéfices des entreprises spécialisées dans les activités à forte intensité de carbone diminueront probablement, car ces activités seront soumises à des taxes carbone plus élevées. D'un autre côté, les entreprises qui contribuent à faciliter la transition vers l'écologie ou qui proposent des activités à faible intensité carbone bénéficieront considérablement de ces changements majeurs attendus dans la politique gouvernementale, ce qui devrait se refléter dans le prix de leurs actions.

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