- L’imposition de droits de douane importants a généré une grande incertitude économique qui devrait nuire à l’activité économique, tant américaine que mondiale.
- La croissance américaine devrait ralentir sensiblement cette année. Pour la croissance mondiale, les estimations se situent autour de 3%, avec des risques de baisse.
- Aviva Investors adopte une approche prudente en matière d’allocation d’actifs, avec une légère sous-pondération des actions et du crédit à haut rendement américain, de même qu’une surpondération des obligations d’État et une sous-pondération du dollar américain.
Aviva Investors, la société mondiale de gestion d’actifs d’Aviva PLC (‘Aviva’), s’attend à ce que tout au long de l’année 2025, une incertitude politique majeure continue à rendre les marchés plus imprévisibles. Les droits de douane continueront à occuper le devant de la scène et à peser sur les résultats. Les tarifs réciproques décrétés le 2 avril en sont jusqu’à présent l’élément le plus préjudiciable. Aviva Investors estime qu’ils portent le taux effectif des droits de douane à environ 25%, un niveau qui n’avait pas été atteint depuis plus d’un siècle.
Aviva Investors ne modifie pas son point de vue sur l’impact des droits de douane à long terme: s’ils sont employés principalement comme outil de négociation, ils n’auront sans doute que des retombées limitées sur le commerce et la croissance, mais s’ils sont utilisés dans le but d’influer activement sur les flux d’échanges et les déséquilibres commerciaux mondiaux, ou de collecter d’importantes nouvelles recettes, leurs effets seront bien plus importants.
L’incertitude créée par ce processus pourrait s’avérer préjudiciable à l’activité économique, amenant les ménages à se montrer plus prudents dans leurs décisions de dépenses, et conduisant les entreprises à reporter leurs investissements et leurs embauches. Alors que des droits de douane américains visant des secteurs ou des pays spécifiques auraient pu être plus dommageables pour les pays exportateurs concernés, des tarifs douaniers importants, imposés à l’ensemble de la planète, devraient s’avérer plus dangereux pour les États-Unis que pour le reste du monde, suivant l’ampleur des mesures de rétorsion engagées.
Pour les États-Unis, les perspectives d’inflation sont très incertaines cette année, en raison des nouveaux droits de douane, et l’on s’attend maintenant à ce que l’inflation progresse durant la première partie de l’année 2025, pour atteindre environ 4%. Pour la zone euro, les prévisions d’inflation sont plutôt stables, car les répercussions des tarifs américains devraient être modestes. L’inflation de la zone euro ne devrait revenir que progressivement vers le niveau visé par les banques centrales. Au Royaume-Uni, l’évolution récente des prix de l’énergie et des prix administrés alimente la hausse de l’inflation en avril, avec un pic d’environ 4% attendu en milieu d’année, avant l’amorce d’un déclin relativement rapide qui devrait permettre de se rapprocher de l’objectif de 2%.
Concernant les taux d’intérêt prévus à moyen terme, l’opinion d’Aviva Investors n’a guère changé. Des taux directeurs à ou près de leur limite inférieure, comme après la crise financière de 2008, ne sont pas attendus. Les taux réels neutres ont augmenté, et la distribution des chocs inflationnistes devrait être plus symétrique que par le passé, ce qui devrait mener à un taux d’inflation moyen plus élevé. Dans son scénario de base, Aviva Investors s’attend à ce que la Fed, la BCE et la BoE abaissent leurs taux de 25 à 125 points de base cette année, tandis que la BoJ devrait relever les siens. Mais le compromis devrait s’avérer plus difficile, notamment aux États-Unis. Si la production ralentit et que le chômage commence à augmenter dans l’une ou l’autre des grandes économies, les baisses de taux devraient être plus nombreuses au cours du second semestre 2025 que ce qu’indiquent actuellement les marchés.
Sur le plan tactique, Aviva Investors reste légèrement sous-pondéré en actions, étant donné le risque d’une baisse plus importante si l’incertitude persiste et si des tarifs douaniers généralisés restent en place, mais nous sommes également conscients des opportunités que cet ajustement offrirait si l’incertitude diminuait de manière significative.
L’équipe préfère surpondérer les obligations d’État, en se concentrant sur le Royaume-Uni, mais en sous-pondérant l’Allemagne, compte tenu de la probabilité d’une baisse plus rapide des taux par la BoE et de l’impact d’une politique budgétaire plus souple de la part de l’Allemagne. Elle sous-pondère légèrement le crédit à haut rendement américain - dont la performance a surpassé les actifs à risque et qui semble cher, compte tenu des risques. L’équipe compense ce positionnement en surpondérant légèrement le crédit à haut rendement européen.
En matière de devises, l’équipe sous-pondère légèrement le dollar américain par rapport au yen et à l’euro, étant donné que les risques penchent vers un ralentissement plus prononcé et de potentielles sorties structurelles de capitaux, pesant sur les actifs américains.
Michael Grady, responsable de la stratégie d’investissement et économiste en chef chez Aviva Investors, précise: «Alors que l’économie mondiale avait entamé 2025 dans une forme acceptable, avec une croissance raisonnable, des marchés du travail plus équilibrés et une inflation plus contenue, les perspectives à court terme se sont détériorées en raison d’une incertitude accrue et d’une guerre commerciale préjudiciable, en particulier aux États-Unis, où nous prévoyons une faible croissance sur une base séquentielle pour les neuf premiers mois de l’année, et une croissance de 1,3% pour l’année civile en cours. Une guerre commerciale généralisée pourrait faire chuter la croissance mondiale au-dessous des 2,5%: le taux le plus faible depuis des décennies en dehors de la crise financière et de la pandémie. À plus long terme, nous pensons que l’incertitude liée à la guerre commerciale sera largement dissipée d’ici la fin de l’année, ce qui ouvrira la voie à un rebond de la croissance séquentielle, grâce aux réductions d’impôts aux États-Unis et à l’augmentation des dépenses de défense et d’infrastructure engagées en Europe.»