L’héritage du COVID

Salima Barragan

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J.P. Morgan AM anticipe des rendements de l’ordre de 3% sur les actions pour les prochaines années. Avec John Bilton.

Un message d’optimisme malgré des attentes plus basses sur les marchés: c’est en substance l’épilogue de l'édition 2022 des hypothèses à long terme sur les marchés financiers (LTCMA) de J.P. Morgan Asset Management dévoilées en novembre. Rédigées dans un monde post COVID singulier en raison des politiques ultra accommodantes et de la survenue inattendue de risques inflationnistes, ces hypothèses portent un regard nuancé sur la crise:  les dommages économiques étant limités, c’est essentiellement les politiques monétaires héritées qui dicteront le cycle économique à venir. Avec John Bilton, responsable de la stratégie globale multi-actifs chez J.P. Morgan Asset Management.

Des politiques fiscales et monétaires héritées de la crise

Les longues recherches réalisées dans le cadre des LTCMA ont conclu que les dommages liés à la pire récession vue en 300 ans n’ont qu’un effet limité sur la trajectoire de la croissance à long terme. Obligés de prendre des mesures créatives face à des événements inédits, les décideurs et les entreprises ont réussi à déjouer les maux redoutés des économistes. «Nous n’avons eu ni la longue récession, ni le chômage massif, ni les difficultés pour accéder au capital que nous craignions, déclare John Bilton». A la place, l’économie a hérité des programmes monétaires et fiscaux qui ont mené à une amélioration de la productivité, à des outils pour combattre l’inflation ainsi qu’à une augmentation des dépenses d’investissement.

Selon le rapport, la croissance nominale augmentera un peu l’année prochaine sur les marchés développés, tirée par les dépenses d’investissement qui constituent l’élément clé de la reprise malgré des tensions surprises sur les prix «qui ne sont pas la seule issue plausible, ni l’issue imminente à la crise», souligne John Bilton.

En contraste avec les marchés publics, les actifs alternatifs attireront davantage d’encours car ils seront capables d’atteindre de meilleures performances.
Des perspectives positives sur les actions…

Confiant sur l’amélioration de la productivité mondiale, J.P. Morgan maintient un avis positif sur les actions après quelques années de performance moyenne d’environ 7%. La banque nuance cependant que les rendements se stabiliseront inévitablement autour des 3% pour les temps à venir. Excluant un risque de bulle sur les actions, J.P. Morgan estime que les valorisations élevées sont justifiées. Elle privilégie cependant le marché européen en raison de l’évolution de la composition de l’indice qui compte davantage de sociétés technologiques ainsi qu’une exposition avantageuse à la thématique ESG. «Nous avons également augmenté notre pondération sur le marché Suisse en raison des perspectives sur la marché suisse, sa combinaison sectorielle attrayante, ses marques fortes dans des secteurs clés tels que la pharma. En revanche, nous réduisons nos perspectives sur le marché anglais qui reflète un mix de secteurs moins attractif avec une forte exposition à l’énergie», explique John Bilton.

…mais négatives sur les obligations souveraines

La demande des banques centrales et des fonds de pension en quête d’instruments de couverture (peu importe le prix) ont mis les marchés obligataires sous pression. Avec des rendements négatifs en termes réels sur les 15 à 20 prochaines années – voire sur 30 ans pour les titres suisses –, le spécialiste tire la sonnette d’alarme: «Les taux directeurs augmenteront très lentement les rendements de la plupart des obligations d'État des marchés développés».

Les placements alternatifs et les actifs privés

En contraste avec les marchés publics, les actifs alternatifs attireront davantage d’encours car ils seront capables d’atteindre de meilleures performances. «Les tendances à l'alpha ainsi que les primes d'illiquidité soutiennent les rendements des placements alternatifs», estime John Bilton. Enfin, les actifs réels seraient des biens incontournables à détenir dans un portefeuille global. «Les actifs réels permettront d’exploiter de nouvelles sources de prime de risque et de prendre des décisions d'investissement actives». Car la gestion active sera le maître mot pour l’année 2022 caractérisée par un retour du risque idiosyncratique et une baisse des corrélations entre les classes d’actifs.

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