L’Europe à la recherche d’un nouveau pacte énergétique

Wilfrid Galand, Montpensier Finance

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L’énergie est un point de tension majeur en Europe. Il faut relancer une ambition commune, héritière d’Euratom et de la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier (CECA).

L’approvisionnement énergétique et la gestion du réseau électrique européen n’en finissent plus de tendre les relations entre les pays membres. Le sujet emblématique est la définition de la «taxonomie» européenne, cette grille qui permet de déterminer les investissements dans ce secteur, susceptibles de recevoir un label «vert».

L’obtention de cette certification est vitale pour les projets énergétiques futurs: à défaut, ils feraient face, au mieux à une forte augmentation de leurs coûts de financement, au pire à l’absence pure et simple d’acteurs désireux de s’engager un secteur «non-vertueux».

Ce débat cristallise les tensions au sein de l’Union européenne depuis de nombreux mois: l’Allemagne mais aussi l’Autriche ou le Luxembourg s’opposent avec virulence au nucléaire tandis que la France, l’Italie, la Pologne ou la Hongrie poussent à l’inverse l’atome, seul capable à court terme de proposer une énergie cohérente avec les ambitions climatiques, de grande capacité et indépendante des pressions géopolitiques russes.

Une initiative européenne s’impose pour mettre ce secteur stratégique au centre des processus de décision et de coordination.

Même si un compromis se dessine, le sujet du dimensionnement et de la stabilité du réseau électrique européen reste entier. L’Allemagne dépend encore beaucoup du charbon (plus de 25% de sa production électrique en 2021) et du gaz, la France a fait le choix du nucléaire mais a tardé à renouveler et moderniser son parc qui devient moins disponible, l’Italie se remet à envisager de nouvelles centrales atomiques tandis que la Belgique s’est engagée à fermer les siennes mais sans fermer la porte aux petits réacteurs SMR.

Ce sujet est d’autant plus stratégique que la progression des besoins en électricité pour atteindre les objectifs de transition climatique, va nécessiter des investissements massifs, à la fois dans la production de cette énergie mais également, et de façon encore plus critique avec le caractère intermittent des énergies renouvelables, dans le pilotage des réseaux.

Une initiative européenne s’impose pour mettre ce secteur stratégique au centre des processus de décision et de coordination. En 1951, après avoir été Commissaire au Plan en France, Jean Monnet pris l’initiative de regrouper l’Allemagne, la France, le Luxembourg, l’Italie, la Belgique et les Pays-Bas au sein de la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier afin de coordonner les approches industrielles et énergétiques et sortir du traumatisme de l’occupation de la Ruhr par les armées françaises.

En 1957, prolongeant cette approche, fut signé le traité Euratom, dédié à l’énergie nucléaire et destiné, déjà, à anticiper la nécessaire transition depuis le charbon – en voie d’épuisement en Europe – et le pétrole, incompatible avec l’indépendance énergétique du continent. Ce traité fut intégré au pilier «Communautés Européennes» du traité de l’Union Européenne en 1992. La Suisse est associée aux travaux Euratom depuis 2014. L’ambition énergétique européenne est donc toujours là, il s’agir désormais de lui redonner de la vigueur. Le temps presse car l’énergie n’a pas fini de faire monter les prix.

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