L’avenir des données ESG

Sasja Beslik, J. Safra Sarasin Asset Management

2 minutes de lecture

La diversité et le manque de cohérence des données et des indicateurs posent problème. Standardisation et transparence s’imposent.

Des données de qualité sont vitales pour l’analyse financière. Bien que la notion de «qualité» puisse être définie de différentes manières, la plupart des investisseurs s’accordent sur le fait que la cohérence et la comparabilité des données d’une entreprise à l’autre sont des éléments essentiels à leur utilité. Malheureusement, le paysage actuel fait obstacle à l’obtention de ces éléments de qualité s’agissant des données relatives aux pratiques ESG des entreprises. En effet, les pouvoirs publics à travers le monde ne leur imposent pas de communiquer des informations sur la plupart des données ESG. Il appartient donc aux entreprises de décider elles-mêmes des facteurs ESG qui ont une influence significative sur leurs performances et des informations qu’il convient de divulguer aux investisseurs.

À l’heure où la place de l’investissement ESG et où l’utilisation des données ESG dans la prise de décisions de placement continuent de s’accroître, il y a lieu de faire la lumière sur plusieurs aspects importants des données ESG utilisées dans le monde entier par la plupart des investisseurs. Parmi ceux-ci figurent la diversité et le manque de cohérence des données et des indicateurs, et la manière dont les entreprises les communiquent. À titre d'exemple, il existe plus de 20 façons différentes dont les entreprises divulguent des informations sur la santé et la sécurité au travail, ce qui montre clairement comment de telles disparités peuvent produire des résultats nettement différents lorsque l’on examine un même groupe d’entreprises et, au bout du compte, conduire également à la prise de décisions de placement totalement différentes.

Les places boursières devraient envisager de publier, voire même
d’imposer, des directives en matière de communication ESG.

La manière dont les fournisseurs de données définissent les groupes de référence d’entreprises, ou «benchmarking», peut être essentiel lorsqu’il s'agit de classer la performance d’une entreprise dans laquelle vous envisagez d’investir. Le manque de transparence parmi les fournisseurs de données concernant les constituants des groupes de référence et les fourchettes constatées des indicateurs ESG crée des incohérences dans l’ensemble du marché, compromet la fiabilité des données et est implicitement une source majeure de confusion. Un autre problème réside dans le fait que les différentes méthodes d’attribution utilisées par les chercheurs et analystes ESG pour traiter les lacunes considérables que présentent les données couvrant plusieurs catégories d’entreprises et périodes temporelles pour différents indicateurs ESG entraînent parfois des «désaccords» importants parmi les fournisseurs de données, les différentes approches utilisées pour combler ces lacunes entraînant de fortes incohérences.

L’accroissement des rapports publiés par les entreprises ne fait qu’augmenter en parallèle à la quantité des informations publiquement disponibles. Les entreprises qui divulguent plus de données ESG présentent souvent une plus grande variation dans leur classement ESG, mais toute la question est de savoir ce que les différents indicateurs ESG communiqués par les entreprises nous apprennent sur leur performance effective.

Que faire pour résoudre ces problèmes associés aux données ESG? Les entreprises devraient personnaliser leurs indicateurs tout en cherchant dans le même temps à s’auto-réguler en s’accordant avec leurs pairs au sein de leur secteur sur une référence raisonnable d’indicateurs ESG standardisés conçus pour assurer leur comparabilité. Les investisseurs devraient appeler à une communication ESG plus utile en limitant la demande de données ESG à un ensemble d’indicateurs davantage standardisés mais néanmoins maîtrisables.

Les places boursières devraient envisager de publier, voire même d’imposer, des directives en matière de communication ESG rédigées en collaboration avec les entreprises, les investisseurs et les régulateurs. Et les fournisseurs de données devraient s'accorder sur les meilleures pratiques et devenir aussi transparents que possible en ce qui concerne leurs méthodologies et la fiabilité de leurs données.

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