L’écosystème vertueux de la finance durable

Laura Jalabert, BlackRock

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Avec l’amélioration de ses structures, la finance durable est devenue un incontournable des investisseurs, acteurs à part entière de sa croissance.

L'investissement durable n’est plus un slogan, une discussion de salon ou un vœu pieux. À mesure que s’affinent les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG), qu’ils gagnent en qualité, en cohérence, en transparence et en pertinence, la démonstration que tout le monde attendait est faite: les entreprises avec de meilleurs scores ESG ont tendance à faire davantage preuve d'excellence opérationnelle, et sont plus résistantes que les autres aux risques relatifs aux manquements éthiques, à la gestion des ressources naturelles, aux relations de travail ou encore au changement climatique. Les entreprises qui gèrent bien les risques et les opportunités liés au développement durable possèdent une capacité d’autofinancement supérieure, des coûts d’emprunt plus bas et des valorisations plus élevées. 

Dès lors qu’il est prouvé que l’adoption des critères ESG est un facteur de différenciation
de la performance, les retardataires sont incités à améliorer leur profil.

Ce constat ne concerne pas seulement les entreprises européennes, très en avance dans l’intégration des standards ESG dans leur modèle d’affaires, mais l’ensemble des régions, y compris les pays émergents — à l’exclusion notable de la Chine. Dès lors qu’il est prouvé que l’adoption des critères ESG est un facteur de différenciation de la performance des entreprises, les retardataires sont incités à améliorer leur profil en la matière. Et ce d’autant plus que deux autres éléments essentiels les y pousse. La pression réglementaire d’abord, que l’on parle de réduction des émissions de carbone, de responsabilité quant à la sécurité des données ou de rémunération des dirigeants. La méthodologie de notation des critères ESG ensuite, qui a beaucoup évolué pour passer d’une logique pure d’exclusion des mauvais de la classe à une logique d’inclusion active des meilleurs, par exemple dans le domaine de la transition écologique. 

Un cercle vertueux s‘est donc installé ces dernières années, qui a sorti la finance durable d’une position périphérique pour en faire un investissement prioritaire pour de nombreux acteurs de marché. Il en résulte que l’univers des actifs d'investissement durable est en pleine croissance : quelque 30'700 milliards de dollars au début de 2018 à l’échelle mondiale, soit une augmentation de 34% en deux ans (selon le Global Sustainable Investment Alliance).    

Un choix stratégique payant

La gamme des opportunités d’investissement couvre désormais toutes les classes d’actifs, toutes les régions, et toujours davantage de thèmes. Une bonne nouvelle pour les investisseurs, institutionnels en particulier. Ainsi, près de 60% des fonds institutionnels et des compagnies d'assurance en Europe souhaiteraient que plus de 50% de leurs actifs soient gérés selon les critères ESG d'ici cinq ans (selon une étude de Greenwich Associates du quatrième trimestre 2018). 

Les actifs européens en ETF ESG
devraient être multipliés par 20 d’ici 2028.

Les fonds indiciels ESG, en pleine expansion, profitent de cet appétit: les actifs européens en ETF ESG devraient être multipliés par 20 d’ici 2028, avec des encours s’élevant de 250 milliards de dollars, contre 12 milliards aujourd’hui. Une tendance irréversible lorsque l’on étudie la performance des portefeuilles durables qui, loin de compromettre les objectifs de rendement, semblent même améliorer les rendements ajustés au risque à long terme. Sur le segment des actions par exemple, les rendements totaux des indices ESG annualisés depuis 2012 ont égalé ou dépassé l’indice standard sur les marchés développés et émergents, avec une volatilité comparable. Et ce n’est que le début d’une histoire d’avenir.

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