Julius Baer continuera d’investir à un rythme élevé dans les technologies

Yves Hulmann

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Politique de recrutement, numérisation et acquisitions figurent au cœur de la stratégie du groupe jusqu’à 2025, comme l’a présenté Philipp Rickenbacher.

Des chiffres en demi-teinte après quatre mois, contrebalancés par des objectifs financiers ambitieux affichés pour la période allant de 2023 à 2025. Tels ont été les principaux thèmes abordés par Julius Baer qui a dévoilé jeudi la mise à jour de ses objectifs pour les prochaines années. Après un exercice 2021 caractérisé par un bénéfice net record de plus de 1,1 milliard de francs, la banque zurichoise spécialisée dans la gestion de fortune se donne pour objectif de plus que doubler la rentabilité de sa base d’actifs au cours d’une décennie, comme l’a formulé Philipp Rickenbacher, son directeur lors d’une présentation effectuée jeudi devant les médias et investisseurs.

400 millions d’investissements dans les technologies visés d’ici à 2025

Pour y parvenir, le groupe compte, en particulier, sur l’exploitation d’économies d’échelle, en concentrant ses efforts sur un certain nombre de marchés clés, ainsi que sur l’innovation, notamment en matière de numérisation. Si les connections personnelles resteront l’un des piliers de la stratégie de la banque, celles-ci seront enrichies par les apports des technologies modernes, a poursuivi le directeur.

Entre 2023 et 2025, Julius Baer prévoit de consacrer 400 millions de francs supplémentaires à ses investissements dans les technologies, en plus de ceux qui sont déjà prévus dans le budget actuel. Ces investissements supplémentaires seront financés en partie grâce à des économies de coûts de 120 millions de francs d’ici à 2025.

La part des mandats discrétionnaires est de 25% par rapport aux actifs sous gestion.

Au cours des trois prochaines années, Julius Baer entend réaliser une augmentation substantielle des revenus générés grâce à une proportion plus élevée des mandats discrétionnaires par rapport aux actifs sous gestion. Située à 16% en 2020, puis à 17% en 2021, la part des mandats discrétionnaires devrait atteindre environ 25% en 2025.

Malgré les mesures d’économies prévues jusqu’à 2025, l’établissement bancaire continuera de recruter du personnel. Pratiquement, Julius Baer mise sur trois types de mesures pour soutenir sa croissance ces prochaines années. La banque évoque une «croissance nette positive de ses effectifs au contact avec les clients», qui incluent notamment les chargés de relation avec la clientèle («relationship managers») et leurs assistants ainsi que les conseillers en investissement. Contrairement à ce qui était souvent le cas jusqu’au milieu de la dernière décennie, Julius Baer n’a toutefois pas dévoilé d’objectifs spécifiques concernant le nombre de «relationship managers» que l’établissement prévoit d’engager. La banque entend aussi de développer les compétences de ses talents «in-house», cela aussi bien dans les fonctions au contact avec la clientèle que celles de support. Par ailleurs, la banque prévoit d’assurer sa croissance grâce à une politique d’acquisition «disciplinée» qui doit s’étendre au-delà du cycle allant de 2023 à 2025.

Rachats d’actions supplémentaires possibles

Côté finance, Julius Baer a présentés quatre objectifs principaux pour la période allant de 2023 à 2025. La banque entend réaliser un ratio coûts revenus inférieur à 64% d’ici à 2025 (comparé à un objectif actuel situé à 67%), une marge avant-impôts ajustée de 28 à 31 points de base dans trois ans (contre 25 à 28 points de base actuellement), une croissance annuelle supérieure à 10% du bénéfice avant impôts ajusté sur la période et un rendement ajusté sur les fonds propres dits durs (CET1) d’au moins 30%.

Autre point clé: le groupe reversera 50% de son bénéfice net ajusté aux actionnaires. La banque se réserve aussi la possibilité d’effectuer des rachats d’actions dès lors que les fonds propres durs (CET1) dépassent la barre des 14% à la fin d’un exercice financier, sauf dans le cas d’opportunité d’acquisitions correspondant aux critères stratégiques du groupe.

«Cryptos» et «DeFi»: garder l’optique de long terme.

La chute récente de la valeur de certaines cryptomonnaies n’entame pas la confiance affichée par Julius Baer dans la nécessité de rester en phase avec les développements en cours dans ce domaine. La banque, qui a investit très tôt dans SEBA souligne le «large mouvement» vers la tokénisation de titres traditionnels et d’actifs illiquides, tout comme les innovations en matière de finance décentralisée («decentralised finance» ou DeFi). L’occasion pour Philipp Rickenbacher d’établir un parallèle avec la situation qui prévalait au début des années 2000 lorsque la bulle Internet a éclaté: «C’est précisément à ce moment-là que s’est ouvert la voie à tout un secteur qui a désormais transformé nos vies», a-t-il mis en perspective.

Reflux d’argent après quatre mois

Dans l’immédiat, les quatre premiers mois de l’année ont été marqués par des sorties d’argent et un recul des actifs sous gestion, dans le contexte de la guerre en Ukraine et d’une économie chinoise ralentie par les restrictions imposées pour lutter contre la pandémie. A fin avril, la masse sous gestion s’est établie à 457 milliards de francs, en recul de 5% comparé au début de l’année. La banque a aussi subi des reflux nets de 2,7 milliards de francs en raison d’une réduction des risques dans leurs portefeuilles d’investissements opérée par des clients asiatiques.

Si la série d’objectifs présentés pour la période 2023 à 2025 a été, dans l’ensemble, bien accueilli par les analystes, les déceptions au sujet des reflux net d’argent frais après quatre mois ont davantage pesé dans la balance. L’action de Julius Baer a clôturé la séance de jeudi en net recul de 5,9% à 45,75 francs, dans un marché suisse également orienté à la baisse.

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