Investir en période de volatilité: de la vertu de l’ennui

Jonathan Knowles, Capital Group

2 minutes de lecture

L'environnement volatil amène les investisseurs à repenser l'attractivité de différents investissements. Les entreprises industrielles et ferroviaires devraient faire partie des gagnants.

Ces dix dernières années, les investisseurs ont été fascinés par la domination des géants numériques et technologiques dans les résultats boursiers.

Depuis début 2022, cependant, la plupart de ces valeurs vedettes subissent un coup dur. Dans un contexte d’essoufflement de la croissance économique, d’envolée de l’inflation et de craintes liées à la remontée des taux d’intérêt, les investisseurs pourraient reconsidérer leur attirance pour les valorisations élevées dont les actions de nombreuses plateformes numériques et éditeurs de logiciels ont joui jusqu’à présent.

Cela fait des années que nous n’avions pas traversé un environnement d’investissement aussi. Alors que les investisseurs continuent de s’interroger sur la persistance de l’inflation et l’évolution du paysage géopolitique, je cherche à construire un portefeuille «toutes saisons» permettant de résister à une multitude de risques potentiels.

Voilà pourquoi l’ennui pourrait être salvateur. Privilégier les entreprises qui sont à la fois monotones et fiables, qui génèrent des flux de trésorerie solides et qui peuvent continuer à croître – et ce, indépendamment de la direction du cycle économique ou des nouvelles macroéconomiques – peut être très pertinent.

La renaissance des chemins de fer nord-américains pour le transport des matières premières

L’avenir numérique, la mobilité électrique et les énergies propres devraient demeurer des sources d’opportunité pour les sociétés innovantes relevant de ces secteurs. Indirectement, ces tendances favorisent également la renaissance d’anciennes industries comme l’exploitation minière et le transport ferroviaire.

Les besoins en cuivre ont été sous-estimés, alors qu’il en faut de larges quantités pour rénover et moderniser le réseau électrique afin de satisfaire une demande.

Le nickel, par exemple, est un composant indispensable dans les batteries de véhicules électriques. Le cuivre est quant à lui nécessaire pour moderniser le réseau électrique. Et si les logiciels deviennent progressivement incontournables dans la voiture moderne, les constructeurs automobiles ne peuvent toujours pas se passer d’acier. Les prix de certaines matières premières ont grimpé en flèche ces derniers mois, une tendance amplifiée par la guerre entre la Russie et l’Ukraine, deux grands producteurs de nickel et de cuivre.

Les besoins en cuivre ont été sous-estimés, alors qu’il en faut de larges quantités pour rénover et moderniser le réseau électrique afin de satisfaire une demande. Ce contexte pourrait profiter à des entreprises comme la compagnie métallurgique et minière canadienne First Quantum Minerals, spécialisée dans le cuivre, ou encore à son homologue brésilienne Vale, qui produit du minerai de fer.

La hausse de la demande de matières premières et d’énergie pourrait être une aubaine pour les opérateurs nord-américains de chemins de fer, qui sont le moyen de transport le plus économique pour les matériaux lourds. D’autant que ces sociétés ont la possibilité d’imposer leurs prix, un atout de taille dans l’environnement inflationniste actuel.

L’augmentation des coûts énergétiques est également un élément bénéfique pour ces entreprises, car l’écart de coût entre le transport ferroviaire et routier est à son plus haut depuis des années. Une compagnie comme Canadian Pacific, qui est la seule à exploiter une voie ferrée côtière reliant le Canada, les États-Unis et le Mexique, pourrait tirer son épingle du jeu dans différents contextes économiques.

Les industriels, moteurs d’un avenir plus économe en énergie

L’élan mondial vers la réduction des émissions de CO₂ et l’amélioration de l’efficacité énergétique est souvent associé aux véhicules électriques, à l’éolien ou encore au solaire. Vues sous ce prisme, les entreprises industrielles traditionnelles qui fabriquent des machines, des produits chimiques et d’autres matériaux de construction pourraient donc être considérées comme faisant partie du problème, et non de la solution.

Pourtant, des spécialistes du chauffage, de la ventilation et de la climatisation comme Carrier ou encore Daikin développent des systèmes contribuant à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Avec les réglementations européennes exigeant le remplacement d’appareils anciens par des systèmes plus performants, leurs carnets de commande devraient rester bien remplis de nombreuses années durant.

Dans le secteur de la chimie, le durcissement des réglementations sur les émissions de CO₂ et les dépenses d’infrastructure engagées dans les grandes économies pourraient offrir un terrain favorable à la société suisse Sika. Cette société fabrique des additifs pour ciment contribuant à en réduire les émissions de CO₂ et à en accroître la durabilité. Malgré son côté monotone, cette spécialité a de beaux jours devant elle alors que les normes mondiales d’émissions ne feront qu’être renforcées.

Sources: Capital Group, rapports de société, Refinitiv Datastream. Capitalisations boursières en USD au 31/03/2022
Les magasins à un dollar, une caverne d’Ali Baba pour les investisseurs en quête de bonnes affaires

Lorsque la conjoncture économique se dégrade, les consommateurs deviennent naturellement plus attentifs à leurs dépenses, et sont nombreux à se reporter sur des distributeurs proposant de l’habillement et des produits ménagers et d’hygiène à prix cassés, mais aussi de grandes marques à prix réduits.

Dans un contexte économique ralenti, bien des consommateurs font leurs achats dans les magasins à un dollar, qui ont bien résisté lors des précédentes.

Bien que cela puisse sembler peu intuitif, les chaînes bien gérées ont souvent la possibilité d’imposer leurs prix lorsque l’inflation s’accélère.

Par exemple, l’enseigne américaine Dollar Tree, qui propose un large choix d’articles à 1 dollar, a récemment lancé une campagne de vente de produits à 5 dollars et à 1,25 dollar. Cette même approche a aidé des enseignes concurrentes à profiter depuis plusieurs années d’un chiffre d’affaires et d’un bénéfice en hausse.

A lire aussi...