Hong Kong: nouvelle législation sur la sécurité nationale

Daryl Liew, Reyl Singapore

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Le rétablissement de l'ordre sur le territoire pourrait rendre le lieu plus attrayant pour les investisseurs chinois.

Le Congrès national chinois a adopté une loi controversée sur la sécurité nationale de Hong Kong, qui est entrée en vigueur le 30 juin à 23h. Cette nouvelle législation a été mise en place par Pékin afin de mettre un terme aux violentes protestations qui ont éclaté il y a un an sur le territoire, en réponse à un projet de loi sur l'extradition. L'article 55 permet désormais au bureau de sécurité nationale de Pékin à Hong Kong d'exercer sa compétence sur des affaires «complexes» ou «graves». Ces affaires comprennent notamment des crimes de sécession, de subversion, de terrorisme et de collusion avec des forces étrangères. D'autres changements significatifs portent sur l'interdiction pour les détracteurs de se présenter aux élections et sur une plus grande surveillance des organisations non gouvernementales et des médias.

Les militants pro-démocratie craignent que la nouvelle loi
ne soit utilisée par Pékin pour éradiquer l'opposition politique.

Les critiques portées à l’encontre de la loi sur la sécurité nationale affirment qu'elle marque probablement la fin du régime d’«un pays, deux systèmes» qui avait été promis durant les 50 années qui suivraient la rétrocession du territoire des Britanniques en 1997. Les militants pro-démocratie craignent que la nouvelle loi ne soit utilisée par Pékin pour éradiquer l'opposition politique. Les États-Unis, l'Europe et l'Australie ont condamné cette loi, craignant qu'elle ne porte atteinte au système judiciaire de Hong Kong et aux droits et libertés de la population.

Les États-Unis ont mis en garde contre les répercussions possibles si la loi devait être adoptée, affirmant que Hong Kong perdrait son statut spécial dont elle bénéficie auprès des États-Unis, car elle ne serait plus considérée comme autonome par rapport à la Chine. Il n'est toutefois pas clair si cette décision affectera Hong Kong, car elle dépend des privilèges que les États-Unis décideront de lui retirer. Il a été question de supprimer le statut commercial spécial de Hong Kong, mais le commerce avec les États-Unis ne représente qu'une petite partie de l'économie de Hong Kong et n'aurait aucun impact matériel concret. Des sanctions plus sévères incluraient des mesures qui auraient un effet sur la fonction principale de Hong Kong en tant que centre financier du dollar américain, car cela pourrait affecter l'ancrage du dollar de Hong Kong et déclencher potentiellement des sorties de capitaux. Ceci semble toutefois peu probable, car les États-Unis ne veulent sans doute pas ruiner la vie des citoyens de Hong Kong. Il est donc plus vraisemblable que des individus et des entreprises soient plutôt visés : des fonctionnaires chinois qui ont été directement impliqués dans la mise en place de la loi sur la sécurité nationale, ainsi que des organisations (y compris les banques chinoises et internationales) qui ont des relations avec ces fonctionnaires.

Hong Kong a encore un rôle important à jouer et est vecteur essentiel
de levée de capitaux internationaux pour les entreprises chinoises.

Si la loi sur la sécurité nationale pourrait rendre Hong Kong moins attrayante pour les individus et les entreprises étrangères, le rétablissement de l'ordre sur le territoire pourrait rendre le lieu plus attrayant pour les investisseurs chinois. Hong Kong bénéficie d'une vague de cotations secondaires à la suite de changements réglementaires (dus à la fraude de la société chinoise Luckin Coffee, cotée aux États-Unis) qui pourraient voir plus d'une centaine d'ADR chinois retirés de la cote des bourses américaines dans les prochaines années. Hong Kong a encore un rôle important à jouer en tant que pôle économique et est vecteur essentiel de levée de capitaux internationaux pour les entreprises chinoises. 

Des inquiétudes et des incertitudes quant à l'avenir de Hong Kong ont souvent été soulevées au fil des ans, notamment dans la période précédant la rétrocession de 1997. Hong Kong a réussi à démontré que les opposants avaient tort: elle a non seulement survécu, mais elle s’épanouit également. L'année 2020 marquera probablement un autre tournant décisif où le territoire devra une fois de plus faire ses preuves. 

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