Le marché du travail américain n’a jamais été aussi tendu, avec quasiment le double de postes vacants que de chômeurs inscrits. Or, les salaires augmentent très fortement. Cela attise les inquiétudes d’une spirale prix/salaires.
La guerre en Ukraine a brutalement mis fin au début de résolution des goulots d’étranglement internationaux. La pression sur les prix aux Etats-Unis est donc de nouveau attisée et la Fed passe à la vitesse supérieure en matière de normalisation de la politique monétaire. Or, le choc des cours de l’énergie a fortement accru le risque d’effets de second rang des prix à la consommation dans la zone euro, en sachant que la BCE vise elle aussi le début de la normalisation des taux «dès» le troisième trimestre. La BNS, quant à elle, ne ressent encore aucune urgence pour agir sur les taux et adopte donc une approche modérée.
Grâce aux importants paquets conjoncturels, l’économie américaine a renoué particulièrement vite avec le niveau d’avant la crise. Par ailleurs, le marché du travail n’a jamais été aussi tendu, avec quasiment le double de postes vacants que de chômeurs inscrits. Or, les salaires augmentent très fortement – à raison de près de 5% par an. Combiné à la plus forte hausse de l’inflation depuis plus de 40 ans, cela attise les inquiétudes d’une spirale prix/salaires.
En revanche, jusqu’à présent, la zone euro n’enregistre pas d’accélération perceptible de la dynamique des salaires. Les salaires conventionnels ont récemment affiché une hausse modérée inférieure à 2% sur l’année précédente, moins qu’avant la pandémie. A un taux d’inflation de 7,5%, cela représente une forte baisse du pouvoir d’achat, même si les gouvernements tentent d’atténuer l’impact avec des aides au revenu. Comme par ailleurs, la rapide reprise conjoncturelle post-pandémie a de nouveau généré une forte pénurie de main d’œuvre qualifiée dans la zone euro, les signes de hausses des salaires nettement plus marquées se multiplient, toutefois dans une moindre ampleur qu’aux Etats-Unis.
Ceci vaut également pour la Suisse où la hausse des salaires nominaux était en moyenne inférieure à 1%. En raison de la hausse modérée de l’inflation, cela revenait jusqu’à présent à une progression continue des salaires réels. Au cours de cette année, la hausse estimée de 0,8% des salaires ne suffira certainement pas pour compenser l’inflation qui devrait dépasser 2%. Néanmoins, tant les entreprises interrogées par la BNS que par le KOF s’attendent à un ajustement significatif vers le haut lors des prochaines négociations salariales – qui vont avant tout se répercuter sur les certificats de salaires en début d’année. La plus forte progression sera celle des spécialistes particulièrement demandés, notamment dans le secteur des nouvelles technologies. En raison de difficultés accrues pour recruter, les salaires augmenteront par ailleurs également de façon plus marquée dans la gastronomie. A l’échelle de toute l’économie et sur l’ensemble de l’année, les entreprises prévoient actuellement des hausses de salaires de près de 1,7%.