Franc fort record – Check conjoncturel de Raiffeisen

Raiffeisen Economic Research

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La faiblesse persistante de la conjoncture a visiblement poussé la BCE à plus de retenue. La barre pour de nouvelles hausses des taux a été placée bien plus haut.

Tandis que l’économie américaine a encore rebondi en été, l’Europe stagne plus ou moins. La faiblesse persistante de la conjoncture a visiblement poussé la BCE à plus de retenue. La barre pour de nouvelles hausses des taux a été placée bien plus haut. En Suisse aussi, l’imminence de hausses des prix administrés ne devrait pas susciter dans l’immédiat de nouvelle intervention de la BNS vu que, parallèlement, le contexte général des prix se montre de plus en plus détendu – grâce aussi à la force record du franc pour le moment.

En septembre, la BCE avait encore relevé ses taux directeurs de 25 points de base, alors que la BNS créait la surprise en décidant d’une pause. L’élargissement de l’écart entre les taux qui en est résulté a relativement renforcé l’attractivité de l’euro et déprécié quelque peu le franc à court terme. La faiblesse des données conjoncturelles de la zone euro et surtout le conflit au Proche-Orient ont cependant rapidement redonné une impulsion au franc en tant que valeur refuge. Celui-ci n’a même jamais coté à un tel niveau par rapport à l’euro, avec un cours juste supérieur à 0,94.

Les inquiétudes par rapport aux conséquences de la force du franc pour le secteur des exportations suisses augmentent donc inévitablement. Or le taux de change nominal à lui seul ne dit pas grand-chose sur l’évolution de la compétitivité-prix. En effet, l’un des principaux facteurs à l’origine du mouvement du taux de change est l’écart d’inflation, c’est-à-dire le changement de la situation du pouvoir d’achat, entre les zones monétaires. Les prix qui, depuis la pandémie, ont beaucoup plus augmenté dans la zone euro se traduisent dans ces pays par des hausses des coûts chez les producteurs considérablement plus élevées qu’en Suisse. Par exemple, les prix des produits semi-finis devant être transformés en Allemagne ont enregistré une hausse presque deux fois plus forte qu’en Suisse (environ 20%). L’évolution différente des coûts a largement compensé l’évolution des taux de change.

C’est pourquoi, ces deux dernières années, nous n’avons guère enregistré de plaintes des entreprises au sujet du franc fort. Et cela a notamment aussi été dû au fait que le facteur de loin le plus important pour l’activité commerciale, à savoir la demande, a évolué très positivement. Cependant, après le boom de rattrapage post-coronavirus, les attentes sont maintenant nettement plus modérées. Indépendamment de l’évolution des coûts, il n’est plus aussi facile d’imposer des hausses de prix. Chaque centime de différence résultant du changement du taux de change se répercute désormais aussi de nouveau plus fortement sur le résultat, de sorte que le franc est récemment redevenu de plus en plus un sujet d‘inquiétude pour les entreprises.

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