Le marché du haut rendement bénéficie d’un environnement technique favorable et peut encore aisément absorber quelques anges déchus.
En marge des présentations du Salon de l'automobile de Francfort la semaine passée, une nouvelle information est venue piquer notre intérêt. Il s’agit de la décision de Moody’s d’abaisser la notation de Ford pour la ramener à Ba1. Bien que l’agence de notation précise que les perspectives de la dette de l’entreprise sont stables, Ford compte désormais au nombre des émetteurs d’obligations de pacotille ou «junk bonds».
ne se transforme en «ange déchu».
La décision de Moody’s a provoqué une forte augmentation de l'écart de rendement des obligations du constructeur automobile, les investisseurs craignant que Ford ne se transforme en «ange déchu». En effet, lorsque des entreprises de qualité «investissable» perdent ce statut et tombent dans la catégorie des titres à haut rendement, cela peut conduire à des ventes forcées, car certains investisseurs ne sont pas autorisés à détenir des obligations «non investment grade». De plus, une telle baisse de notation peut amener à une révision des cours (si ce n'est pas déjà fait) lorsque le marché réévalue le risque de crédit de l'entreprise. Ces inquiétudes sont certes légitimes, mais comme le montrent nos analyses, les réactions sont généralement exagérées.
Dans le cas de Ford, et même si une baisse de notation n'est jamais une bonne nouvelle, il faut que deux des trois agences de notation prennent la décision d’abaisser la notation de la dette d’une entreprise pour que cette dernière soit retirée de l'indice des obligations «investissables». A l’heure actuelle, Ford est noté BBB par Standard & Poor's et Fitch, note qui est toutefois assortie de la mention «sous surveillance négative». Cependant, même si ces deux agences venaient à réduire la notation de Ford d’un cran, celle-ci demeurerait dans l’indice «investissable». Par conséquent, la probabilité de «déchéance» de cet ange est faible, du moins à brève échéance.
ont accédé au statut «d’étoiles montantes».
D’ailleurs, même si cela devait arriver, le marché des titres à haut rendement est suffisamment solide pour absorber un émetteur de l’envergure de Ford. Depuis quelques mois, il bénéficie d’un environnement technique très favorable, notamment en Europe ou deux grands débiteurs du secteur du haut rendement ont accédé au statut «d’étoiles montantes».
Wind Tre, devenue filiale à 100% de CK Hutchison l'année passée, a annoncé le 1er août que sa société mère rembourserait la totalité de sa dette, soit environ 10 milliards d'euros, et la refinancerait. Elle bénéficiera donc ainsi d’une notation de qualité «investissable» au lieu d’une notation BB-, soit haut rendement. L'acquisition tant attendue d'Unitymedia par Vodafone a également été finalisée, ce qui a permis d’amener la notation d’Unitymedia à BBB, en ligne avec celle de son nouveau propriétaire. Du fait de cette opération, près de 4,5 milliards d'euros sont sortis de l’indice haut rendement pour aller alimenter l’indice des obligations de qualité «investissable».
Si l'on examine les décisions prises durant l’année par les agences de notation, force est de constater que l’environnement technique est favorable depuis quelque temps déjà. Cette année, en Europe occidentale, S&P a replacé 13 entreprises dans la catégorie «étoiles montantes» alors que celle des «anges déchus» ne compte que deux membres supplémentaires. Chez Moody's, 13 entreprises sont également revenues dans la catégorie «investissable» et sept ont été déclassées et sont passées au-dessous du seuil de l’«investissable». Un phénomène identique peut être observé sur le marché américain, où le ratio étoiles montantes/anges déchus est actuellement de 19/13 pour S&P et de 31/19 pour Moody's. Si l’on ajoute à cela, un afflux constant de capitaux dans le secteur ainsi que la nécessité de réinvestissement des coupons, le marché du haut rendement va très probablement continuer à bénéficier d’un environnement technique très favorable jusqu’à la fin de l’année.