Eviter le risque de sous-couverture grâce aux plans 1e

Edric Speckert, PensExpert SA

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Les décisions d’investissement individualisées permettent une meilleure compréhension du résultat des placements du capital de prévoyance.

D’après la Commission de haute surveillance de la prévoyance professionnelle (CHS-PP), 40% des caisses de pension suisses se trouveraient actuellement en situation de sous-couverture. En 2022, une année boursière chaotique dans presque toutes les classes d’actifs a mis à mal les réserves de capital de la plupart des institutions de prévoyance professionnelle. Dans ce contexte difficile, il est important que les caisses de pension puissent faire face à une situation de découvert. Pour les investisseurs à long terme en particulier, il demeure en effet primordial de pouvoir poursuivre la stratégie de placement définie malgré d’éventuelles pertes de cours momentanées. Pourtant, cela est uniquement possible dans certaines conditions, car si le taux de couverture d’une caisse de pension tombe en dessous de 90%, des mesures d'assainissement doivent être mises en place.

Cette situation suscite parfois l'incompréhension des entreprises et de leurs collaborateurs, puisque ces derniers ne sont généralement pas directement impliqués dans les décisions de placement. Les prescriptions de placement strictes des institutions de prévoyance – certes dictées par la volonté de protection des assurés – obligent en pratique les caisses de pension à adopter parfois un comportement procyclique sur les marchés financiers conduisant à l’obtention de rendements mitigés. Par ailleurs, après les nombreuses années de hausse des marchés (dont ont également profité de nombreux investisseurs privés), les assurés observent actuellement une mauvaise performance des placements de leur caisse de pension.

Décisions de placement autodéterminées

Les personnes pouvant choisir elles-mêmes leur stratégie d’investissement possèdent une meilleure compréhension du résultat, que ce dernier soit positif ou négatif, des placements de leur capital de prévoyance. Actuellement, cela n'est possible que de manière limitée en Suisse. Ce n’est en effet qu’à partir d'un revenu annuel de 132’300 francs que les éléments de salaire supérieurs à ce seuil peuvent être investis dans des plans dits 1e. Ces plans surobligatoires permettent aux assurés de bénéficier de nombreuses libertés et marges manœuvres en matière de placements.

Chaque personne disposant de capital investi dans des plans 1e peut ainsi choisir une stratégie d’investissement qui corresponde à sa capacité et à sa tolérance au risque. La mise en œuvre des placements peut se faire à travers des instruments actifs ou passifs. Les plans 1e permettent par exemple d’investir les avoirs de prévoyance dans des fonds de private equity, des hedge funds, ainsi que des stratégies pouvant également inclure de l'or physique ou des fonds hypothécaires.

Pour les professionnels et les cadres, les plans 1e offrent ainsi des avantages intéressants par rapport aux solutions LPP classiques. En particulier, les avoirs 1e appartiennent intégralement aux assurés et ne sont pas soumis à la redistribution, c.-à-d. les réserves de longévité prélevées sur la performance des assurés actifs afin de financer les rentes des retraités. La redistribution s’élève à 4,7 milliards de francs en moyenne par année au cours de ces derniers dix ans.

Pas de réserves de fluctuation de valeur

Mais les solutions de prévoyance pour les cadres sont également avantageuses pour les entreprises. Les considérations de risque jouent ici un rôle important. Comme les assurés dans un plan 1e assument entièrement la décision de placement, ils supportent également à 100% les risques inhérents à ceux-ci. Avec les fondations collectives 1e, le risque d'assainissement disparaît complètement pour l'employeur. Les entreprises qui établissent leur bilan selon les normes comptables internationales (IAS/IFRS, US-GAAP) peuvent en principe réduire les engagements liés à la caisse de pension dans leur bilan pour les plans 1e.

Les assurés et les employeurs se retrouvent ainsi tous deux gagnants lorsque les entreprises décident de compléter ou de revaloriser leurs solutions de prévoyance à travers un plan 1e. Une telle solution permet également de se montrer plus attractif dans le recrutement de nouveaux talents qui sont de plus en plus sensibles aux avantages proposés par leurs employeurs. Espérons que la très mauvaise année 2022 sur les marchés offre aux entreprises l’opportunité de mener des réflexions plus approfondies sur leurs solutions de prévoyance surobligatoires.

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