Le recul progressif de l’inflation devrait permettre de stabiliser les taux, un environnement qui, au stade actuel du cycle économique, rend l’investissement en obligations européennes particulièrement intéressant. Et, malgré la volatilité provoquée par les droits de douane, on peut rester globalement optimiste pour les marchés de taux européens. Les différentiels de rendement étant revenus à leurs niveaux du début de l’année, le portage d’obligations est attrayant. Pour les obligations de qualité comme pour le haut rendement, les rendements sont intéressants. Un portefeuille diversifié géré prudemment et constitué d’obligations en euros notées BB et B offre un rendement de plus de 4,5%.
En Europe, bien que la croissance soit atone, elle reste légèrement positive. Et tant qu’elle ne chute pas brusquement, c’est-à-dire que l’économie n’entre pas en récession, les entreprises seront en mesure de verser les coupons sur les obligations qu’elles ont émises.
Une demande très soutenue
Par ailleurs, la demande de titres à taux fixes est toujours très soutenue. Depuis le début de l’année, les fonds en obligations à haut rendement ont enregistré des afflux de capitaux de 1,7 milliard d’euros, ce qui contribue clairement à soutenir les valorisations. Pour répondre à cette demande, les entreprises sont allées se refinancer précocement: le marché primaire est très actif et en mai dernier les nouvelles émissions ont atteint un montant record.
Sauf ralentissement économique marqué en Europe, les défauts de paiement devraient progressivement diminuer d’ici la fin de l’année.
A ce stade du cycle, le haut rendement bénéficie d’une situation très favorable, car il n’y a ni emballement de l’économie ni récession. Les défauts de paiement semblent avoir progressé en mai. Mais cette hausse s’explique essentiellement par la défaillance, largement anticipée, de SFR, l’opérateur de télécommunications français ainsi que par celles d’autres entreprises de plus petite taille. Cela dit, et c’est l’élément le plus important, le taux de pertes se réduit, car le taux de recouvrement des créances est élevé. Sauf ralentissement économique marqué en Europe, les défauts de paiement devraient progressivement diminuer d’ici la fin de l’année. Au vu de la demande soutenue pour des rendements qui restent attrayants ainsi que d’un marché très favorable aux nouvelles opérations, le crédit européen offre un portage très intéressant.
Des fondamentaux très favorables
Dans l’ensemble, les bilans des entreprises ont été gérés de manière relativement conservatrice. Ces cinq dernières années, les directions des entreprises ont appris à naviguer dans des conditions extrêmement difficiles, d’abord durant l’épidémie de Covid, puis lors de la phase inflationniste et, plus récemment, lorsqu’elles se sont trouvées confrontées aux politiques erratiques de la Maison Blanche.
Ces dernières années, les émetteurs notés BB et B ont géré leur endettement avec prudence, ce qui s’est traduit par une diminution de leur ratio dette/EBITDA. Pour l’heure, rien ne laisse augurer d’un emballement des fusions-acquisitions, ni du recours massif à la dette pour assurer le paiement des dividendes. La situation est toute autre pour les émetteurs notés CCC, car leur endettement a progressé durant ces derniers trimestres. Cependant, cette catégorie d’émetteurs ne représente qu’une petite partie de l’univers du crédit.
Autre facteur positif à prendre en considération, les bénéfices ont plutôt bien résisté au premier trimestre 2025 et les prévisions des analystes concernant les marges bénéficiaires n’ont pas été révisées à la baisse de manière significative. La menace que représente l’imposition de droits de douane plus élevés a affecté le secteur automobile et, au vu de l’incertitude, certaines entreprises ont réduit leurs attentes. Mais dans l’ensemble l’univers du haut rendement européen est constitué de nombreux émetteurs qui ne sont pas directement touchés par les tarifs douaniers. C’est le cas des entreprises actives dans les secteurs des télécommunications, des services aux collectivités ou, dans certains cas, dans celui de la santé. Les petits acteurs régionaux échappent également à la menace des droits de douane. On peut donc affirmer que, globalement, les fondamentaux des entreprises restent solides et ces dernières devraient continuer à gérer leurs bilans avec prudence.