Et si on parlait de tech...

Peter Garnry, Saxo Bank

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Apple et Amazon pâtissent des difficultés d’approvisionnement, Facebook devient Meta.

Les marchés boursiers ont enregistré une baisse après que les deux géants de la tech Apple et Amazon ont annoncé des profits décevants et des perspectives assombries par les difficultés d’approvisionnement et la pression inflationniste. Les résultats publiés la semaine dernière révèlent une croissance par action, sur une base trimestrielle, encore plus négative pour l’indice MSCI World, soulignant le pic atteint par la croissance des gains et les marges bénéficiaires. Nous nous intéressons également à la grande transformation de Facebook, qui devient Meta, un métavers basé sur les technologies de réalité virtuelle et augmentée. Cette évolution, si elle est peut-être pertinente, s’accompagne cependant de grands risques qui amèneront de nombreux investisseurs à reconsidérer leur participation dans l’entreprise.

Amazon a été la plus grande surprise négative, avec un nouveau flux de trésorerie disponible négatif pour le troisième trimestre consécutif.

La croissance trimestrielle des bénéfices par action a plongé dans le négatif dans le Nasdaq 100, et a même enregistré une évolution encore plus alarmante dans l’indice MSCI World après la chaîne de résultats d’hier, menée par les performances décevantes d’Apple et Amazon. Apple avait déjà signalé les problèmes qui frappaient la production d’iPhones, soumise à des difficultés d’approvisionnement qui auraient entraîné pour l’entreprise des pertes de revenus et des surcoûts estimés à six milliards de dollars rien qu’au troisième trimestre. Toutefois, l’augmentation de la composition des services et des abonnements à marge plus élevée a tiré le BPA à 1,24 dollar, conformément aux estimations. Apple est affectée par des difficultés d’approvisionnement, mais un coup d’œil aux estimations de croissance des revenus au cours des trois prochains exercices fiscaux suggère pour l’entreprise une évolution à venir bien plus rapide que par le passé. Cependant, et malgré le ralentissement de son taux de croissance, l’entreprise est valorisée à un peu moins de 4% de rendement des flux de trésorerie disponibles, avec un modèle commercial très solide et beaucoup d’activités récurrentes verrouillées.

 


 

Amazon a été la plus grande surprise négative d’hier, avec un nouveau flux de trésorerie disponible négatif pour le troisième trimestre consécutif, du jamais vu depuis 2000. Le bénéfice par action du troisième trimestre, estimé à 8,96 dollars, s’est établi à 6,12 dollars en raison d’un chiffre d’affaires inférieur aux prévisions et d’une hausse de deux milliards des coûts d’exploitation liée aux augmentations de salaires et à l’inflation générale. Les investisseurs ont fait chuter les actions d’Amazon de 5% en préouverture des marchés, en raison des prévisions de revenus très incertaines et décevantes pour le quatrième trimestre (130 à 140 milliards de dollars alors que les estimations tablaient sur 142 milliards de dollars) qui découlent des difficultés d’approvisionnement et de la mise en garde concernant les coûts élevés liés aux congés de fin d’année qui pourraient réduire à néant tout bénéfice.

Le passage de Facebook au métavers, un pari risqué

Facebook se rebaptise Meta et bascule ainsi dans le métavers. Ce projet est en gestation depuis des années, à huis clos, et Facebook a récemment donné des indications plus explicites à ce sujet, mais hier, la plateforme a révélé la plus grande refonte et le tournant le plus important depuis des décennies pour une entreprise de cette envergure. Le passage à la réalité augmentée et virtuelle vise directement à détourner l’attention négative dont la marque est actuellement l’objet, mais aussi à lever les limitations physiques, ou les passerelles si vous préférez, qui bloquent l’accès au domaine de Facebook et sont aujourd’hui contrôlées par Apple et Google. Le réseau de Mark Zuckerberg cherche à dominer la plateforme informatique donnant accès à son univers qui, selon lui, sera un métavers assuré par diverses méta-plateformes.

L’expédition de Facebook dans le métavers impliquera des investissements importants.

Ce rebranding, autant que cette réorientation, amènent plusieurs constats. Ces changements que l’entreprise opère pour des raisons évidentes sont sans doute nécessaires à long terme, mais ils augmentent également les risques pour Facebook et modifient ses perspectives à court terme. Mark Zuckerberg a assuré que le métavers sera conçu pour plaire aux jeunes, qui délaissent actuellement son réseau au profit de Snapchat et TikTok – une façon détournée de dire que la croissance est vouée à ralentir sur sa plateforme actuelle. Par ailleurs, l’expédition dans le métavers impliquera des investissements importants, avec un CAPEX appelé à augmenter de 10 milliards de dollars d’ici l’année prochaine, culminant ainsi à plus de 30 milliards.

En conséquence, on verra le flux de trésorerie disponible baisser pendant un certain temps. Le projet nécessite en outre de s’aventurer dans la production de matériel informatique, avec de nouveaux casques RV/RA à paraître prochainement, ainsi qu’une nouvelle montre en 2022, censée concurrencer celle d’Apple. Ces offres réduiront les marges d’exploitation et accroîtront la complexité de l’entreprise. Enfin, la décision pourrait se révéler prématurée si le public ou les jeunes ne devaient y voir aucun intérêt. Là est le vrai risque. Nous pensons que de nombreux investisseurs vont commencer à réduire leur participation dans Facebook – ou Meta, puisque c’est son nouveau nom – effrayés par le changement radical de l’entreprise et par l’accroissement des risques.

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