ESG, durabilité et performance

Salima Barragan

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Les acteurs clés de l’actualité financière responsable se retrouvaient jeudi à la 10e édition du Geneva Forum for Sustainable Investment.

©Keystone

Des caisses de pension suisses, des gérants de fonds ISR, des ONG, la Banque nationale suisse: les acteurs clés de l’actualité financière responsable sont venus débattre des enjeux actuels de la durabilité lors de la 10ème édition du Geneva Forum for Sustainable Investment (GFSI), organisée ce jeudi à l’hôtel Kempinsky. Performance et durabilité sont indissociables.

Selon les investisseurs institutionnels, les caisses de pension font face aux enjeux à long-terme des problématiques sociétales, auxquels le système de prévoyance doit s’adapter. Ainsi, leurs deux composantes, à savoir la rémunération des transferts et les risques ESG, ne peuvent plus être considérées séparément. L’exemple du groupe Volkswagen témoigne clairement des conséquences financières et sociales auxquelles doit répondre une entreprise entachée par un scandale environnemental. Ainsi, le débat de perte de performance vis-à-vis de l’inclusion des critères ESG est dépassé. Néanmoins, pour ces gestionnaires, un cadre normatif contraignant n’est pas une solution viable, d’autant plus que la définition des critères sociaux, comme dans les cas de restructuration d’entreprise, est difficile à formaliser.

«Sans performance, l’investissement ESG ne peut pas être durable.»

Du côté des gérants de fonds ISR, la performance est considérée comme la clef du succès. «Sans performance, l’investissement ESG ne peut pas être durable», estime Mary-Jane McQuillen, responsable des investissements ESG chez ClearBridge Investments. De plus, la spécialiste rajoute que l’ESG permet de mitiger les risques. Les risques sont également au cœur de l’approche de gestion systématique de J.Safra Sarasin, qui marie les primes de risques des actions traditionnelles avec celles durables. En d’autres termes, le gestionnaire d’actifs combine des facteurs simples, comme la taille et la qualité, avec des critères de durabilité.

Aussi, les professionnels de la finance s’accordent sur un besoin de formation spécifique des analystes ESG, tout comme un analyste du secteur bancaire est spécialisé sur les questions bancaires. «L’analyse ESG n’est pas un exercice de marketing», souligne Mary-Jane McQuillen. Même constat chez BNP Paribas AM, qui confirme la nécessité d’engager des spécialistes de l’empreinte carbone et des experts en climat qualifiés.

La Banque nationale suisse se montre
pragmatique dans sa politique de placements.

La Banque nationale suisse se montre pragmatique dans sa politique de placements. En tant qu’investisseur institutionnel, elle gère un portefeuille d’actions internationales très diversifié (qui couvre 97% des capitalisations boursières mondiales). Cette portion représente 20% de ses actifs, soit 150 milliards de francs suisses. Les questions de climat et d’éthique sont à l’ordre du jour, mais Andréa Maechler, Membre de la Direction Générale de la BNS, soulignait que la politique de placement est prioritairement subordonnée à la politique monétaire. En tant que banque centrale, ses défis sont de taille: conformation aux exigences légales et réglementaires dans la gestion d’un portefeuille mondial, absence de conflit d’intérêt avec l’exclusion des investissements dans le secteur bancaire et dans les entreprises suisses et, naturellement, sensibilisation croissante aux aspects extra-financiers. A cet égard, la BNS conduit une politique d’exclusion sélective fondée sur trois critères: les armes, la violation des droits humains et les dommages environnementaux. En tant qu’institut indépendant, cette politique reflète ses besoins spécifiques et répond aux contraintes de ses mandats. «Nous restons persuadés que l’exclusion pour une banque centrale est la bonne manière d’avancer», déclare Andréa Maechler. 

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