Entre déflation et inflation, les banques centrales sur la ligne de crête

Wilfrid Galand, Montpensier Finance

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La chute spectaculaire de la consommation sur tous les continents met toutes les économies sous pression. Et cela risque de durer.

Depuis deux mois, les banques centrales ont fait feu de tout bois pour combattre une possible crise financière qui viendrait s’ajouter à la crise sanitaire et économique du Covid-19

Tout l’arsenal y est passé. Du conventionnel d’abord, pour ceux qui en avaient encore la possibilité: Australie, Royaume-Uni, Chine et bien sûr la Réserve Fédérale des Etats-Unis qui a ramené ses taux à zéro en deux baisses de 50 points de base séparées de quelques semaines.

Du non-conventionnel surtout, ensuite avec des injections de liquidités massives se chiffrant en  milliers de milliards de dollars et d’euros pour éviter le pire: une embolie du système financier et une dislocation des marchés.

Cette pression à la baisse des prix est renforcée à très court terme
par le très faible niveau des prix du pétrole.

Au delà de leur objectif de stabilité financière, c’est bien la crainte de la déflation, cette hydre resurgie de la crise financière de 2008, qui a légitimé leur intervention. La chute spectaculaire de la consommation sur tous les continents met en effet toutes les économies sous pression.

Et celle-ci risque de durer: les enquêtes d’opinion, en Europe comme aux Etats-Unis, confirment semaine après semaine la dégradation du moral des ménages et des entreprises et leurs faibles intentions de consommation ou d’investissement. Rien d’étonnant vu la très forte montée du chômage des deux côtés de l’Atlantique.

Cette pression à la baisse des prix est renforcée à très court terme par le très faible niveau des prix du pétrole. Sans même parler des prix négatifs atteints par le baril de brut léger américain le 20 avril dernier, le Brent, la référence sur les marchés internationaux, se traine nettement en dessous de 30 dollars le baril contre près de 60 dollars mi-février.

La ligne de crête est cependant étroite pour les Banques Centrales car l’inflation pourrait bien faire son grand retour une fois le premier choc de la crise du CoVid passé.

La principale menace inflationniste réside dans la reprise
de la guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis.

Les appels de plus en plus pressants au «souverainisme économique» et à une forme plus ou moins stricte de régulation des échanges  commerciaux dans des domaines aussi variés que l’agriculture, la santé ou l’industrie lourde, sont en effet autant de voies vers une augmentation des coûts de fonctionnement de l’économie mondiale. Et ce d’autant plus qu’un renforcement des règles environnementales, souhaité par certains politiques comme signe de bascule vers le «monde d’après», serait également inflationniste.

Mais à plus court terme, la principale menace inflationniste réside dans la reprise de la guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis. Le ton monte entre les deux géants qui s’accusent qui de mensonges, qui d’incompétence sur la gestion de la crise sanitaire. Il est temps de calmer le jeu car, dans celui-là, les banques centrales elles-mêmes pourraient bien être dans l’impasse.

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