En attente de signe de resserrement

César Pérez Ruiz, Pictet Wealth Management

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Dans l’univers obligataire, nous conservons un positionnement court en duration et préférons le risque de crédit et de spread au risque de duration.

Cette nouvelle semaine sera marquée par la réunion du comité de politique monétaire de la Réserve fédérale américaine. Les observateurs ne s’attendent à aucune annonce majeure, mais ils guetteront toute allusion à la réduction des achats d’actifs de la banque (nous tablons sur le mois de novembre pour une annonce officielle). Les observateurs surveilleront également le graphique à points («dot plot»), lequel donne des informations sur les prévisions de taux d'intérêt des membres de la Fed. Le graphique à points pourrait révéler une nervosité grandissante au sein de la banque centrale concernant la hausse des prix à la consommation et les valorisations excessives des actifs. L’indice des prix à la consommation révèle un léger recul de l’inflation globale et de l’inflation sous-jacente en août aux Etats-Unis. Mais en y regardant de plus près, on constate que les pressions sur les prix sont en train de s’étendre à des secteurs comme les produits alimentaires et l’immobilier locatif, quand bien même les pressions s’atténuent un peu dans d’autres secteurs. Surtout, les prévisions d’inflation continuent à augmenter, avec le risque que l’indice des prix à la consommation se maintiennent à un niveau supérieur au taux cible de la Fed plus longtemps que prévu. C’est l’une des raisons pour lesquelles, dans l’univers obligataire, nous conservons un positionnement court en duration et préférons le risque de crédit et de spread au risque de duration. De plus, la hausse des prix à la production érodant les marges des entreprises, et dans les actions nous ciblons les entreprises disposant d'un pouvoir d’imposer leur prix. 

La semaine sera également marquée par des réunions de banquiers centraux en Scandinavie, au Japon et au Royaume-Uni. La Banque d’Angleterre est confrontée à la plus forte augmentation annuelle des prix à la consommation depuis neuf ans (3,2% en glissement annuel en août, un taux largement supérieur à son taux cible). Tout signe d’un resserrement de la politique monétaire pourrait doper momentanément la livre sterling et pousse les taux des emprunts d'État britanniques (Gilts) à la hausse. Il convient toutefois de préciser que c’est toute l’Europe qui est confrontée à des pressions inflationnistes, la forte hausse des prix énergétiques aidant. L’envolée des prix du gaz naturel pousse de plus en plus de gouvernements à intervenir. Par exemple, le gouvernement espagnol a adopté une mesure limitant le montant des factures d’électricité des ménages et il a introduit un mécanisme lui permettant de s’emparer des « bénéfices excessifs » des compagnies d’électricité. Ces dernières ont dévissé en bourse dans la foulée. Les entreprises et les Etats n’ayant pas tous la même capacité à faire face aux tensions sur les prix, notre thème d'investissement «Qui va payer l’ardoise?» n’a jamais été autant d’actualité. Toutefois, les tensions actuelles signifient-elles que nous nous apprêtons à connaître un épisode de stagflation, caractérisé par une inflation forte et une croissance faible? Ce scénario nous semble encore loin : les données diffusées la semaine dernière sur les ventes de détail aux Etats-Unis et sur l’activité manufacturière en Europe montre que la croissance, quoiqu’en perte de vitesse, devrait bien résister. 

Enfin, l’un des thèmes d’investissement dont nous avions parlé en début d’année—les entreprises dont les dividendes sont voués à croître—reste d’actualité. La distribution de dividendes et (tout particulièrement aux Etats-Unis) les rachats d’actions rebondissent et pourraient représenter une part plus importante des rendements totaux dans un contexte marqué par le ralentissement de la croissance des bénéfices. On a pu constater la pertinence de ce thème la semaine dernière, quand Microsoft a annoncé une hausse de 11% de son dividende trimestriel par rapport au trimestre précédent, ainsi qu’une augmentation de 50% de ses rachats d’actions. 


 

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