Assouplissement quantitatif: des décisions importantes à venir

César Pérez Ruiz, Pictet Wealth Management

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Rien ne prouve que les injections répétées de liquidité dans le système puissent résoudre les problèmes d’offre. La politique d’assouplissement quantitatif pourrait voir ses heures comptées.

Comme prévu, la Banque centrale européenne (BCE) a évoqué la semaine dernière la possibilité d’une réduction «modérée» de ses achats obligataires dans le cadre de son Programme d’urgence face à la pandémie (PEPP). La présidente de la BCE, Christine Lagarde, s’est toutefois gardée de donner un calendrier précis et a insisté sur le fait que la réduction des achats réalisés dans le cadre du PEPP ne signifiait en aucun cas que la BCE s’apprêtait à resserrer les conditions de financement. En effet, la BCE pourrait compenser la réduction du PEPP en augmentant le volume de ses achats d’actifs réguliers. Pour l’instant, la BCE, comme la Réserve fédérale, semble heureuse de cultiver l’ambiguïté sur ses intentions en matière d’assouplissement quantitatif. Cela est compréhensible: les variants du COVID restent un motif d’inquiétude et les indicateurs avancés commencent à fléchir. Mais la récente poussée d’inflation, dans un contexte marqué par des pénuries d’approvisionnement persistantes, est du pain bénit pour les partisans de l’orthodoxie monétaire, lesquels peuvent faire remarquer la révision à la hausse des prévisions d'inflation de la BCE et la forte augmentation du nombre d’offres d’emplois aux États-Unis (près de 11 millions en juillet). Dans la mesure où rien ne prouve que les injections répétées de liquidité dans le système puissent résoudre les problèmes d’offre, la politique d’assouplissement quantitatif pourrait voir ses heures comptées. 

Les bourses chinoises ont continué à se stabiliser la semaine dernière, après les corrections brutales provoquées par l’offensive réglementaire du gouvernement. Cette stabilisation reflète en partie la nette amélioration des chiffres du commerce enregistrée en juillet, et en partie par l’attente de mesures de relance bien ciblées de la part des autorités. Mais le gouvernement n’a rien perdu de ses velléités réglementaires, étendant ses attaques à l’encontre du secteur du jeu et intensifiant son ingérence dans les activités des grandes sociétés technologiques. Parallèlement, certaines parties du marché du crédit chinois restent instables, avec un abaissement de la notation de crédit d’Evergrande la semaine obligeant les banques et les assureurs à augmenter leurs provisions pour pertes de crédit en général. Dans le même temps, les prix d’usine ont enregistré leur plus forte hausse depuis 13 ans en août. Si la hausse des prix à la consommation reste sous contrôle en Chine (mais beaucoup moins dans certains autres marchés émergents comme le Brésil), cette pression sur les prix, conjuguée à la divergence dans les dynamiques bénéficiaires fait que nous privilégions les marchés développés aux marchés émergents pour le moment. 

Enfin, la semaine dernière a accrédité encore un peu plus notre thème «Résurgence des fusions-acquisitions» Wizz Air ayant soumis une offre de rachat pour EasyJet dans un secteur du trafic aérien en proie à de sérieuses difficultés. Nous pensons que les fusions-acquisitions de type défensif se feront de plus en plus nombreuses et s’étendront à plusieurs industries, dont le secteur bancaire européen. Nous pensons que les fonds «event-driven» représentent un moyen de profiter des anomalies de prix inévitables qui surviennent dans le cadre des opérations de ce type. 


 

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