Economie Suisse: l’inflation en chute libre

Marc Brütsch, Swiss Life Asset Managers

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Swiss Life AM s’attend à une hausse de 1,2% du PIB en 2019. Soit la projection la plus basse des économistes sondés par Consensus Economics.

©Keystone

2018 touche bientôt à sa fin, les perspectives pour janvier 2019 se présentent – à retenir: l’inflation totale repart à la baisse en réaction à la chute des cours du pétrole. L’inflation sous-jacente devrait encore augmenter avec l’accélération de la hausse des salaires. Les indices des directeurs d’achats dénotent une stabilisation de la dynamique des industries cycliques. En Europe, c’est surtout le parquet politique qui pourrait agiter les marchés, et en Suisse, c’est l’inflation qui se trouve en chute libre.

Zone euro: actualité préoccupante en France

L’année 2018 avait commencé dans l’euphorie et s’achève sur fond de problèmes croissants. Après l’aboutissement fructueux des premières tentatives de réformes économiques d’Emmanuel Macron en France malgré les grèves de transports, la vague d’opposition désordonnée à l’augmentation des prix des carburants a contraint le gouvernement à s’incliner devant les «gilets jaunes» et à abandonner son projet, ce qui fragilise la position d’Emmanuel Macron pour ses prochains chantiers. Il y a tout à parier que les élections européennes de mai tourneront au référendum pour ou contre la totalité du programme de réformes du président français. 

L’inflation en zone euro devrait reculer jusqu’à 1,5% mi-2019.

Les dernières statistiques économiques n’augurent rien de bon: l’amélioration du marché du travail reste marginale et procède davantage de la reprise mondiale que des mesures de réforme. Ces douze derniers mois, le taux de chômage a reculé tout aussi rapidement, voire plus vite, dans d’autres pays de la zone euro. Contrariété supplémentaire pour Emmanuel Macron, l’indice des directeurs d’achats du secteur manufacturier est tombé sous la barre des 50 points qui sépare la croissance de la récession pour la première fois depuis septembre 2016. 

L’évolution récente des prix du pétrole confirme notre hypothèse selon laquelle le pic de l’inflation totale de la zone euro n’était que temporaire: la BCE n’est donc pas pressée d’accélérer la normalisation de sa politique monétaire. Sur 19 pays membres de la zone euro, ils étaient 10 à afficher une inflation supérieure à 1,8% en novembre, contre 14 en octobre. L’inflation de la région devrait selon nous passer en dessous de 2% en décembre et reculer encore jusqu’à 1,5% mi-2019 – et surtout, l’inflation totale allemande devrait elle aussi se stabiliser sous le seuil critique de 2% d’ici au deuxième trimestre 2019.

L’inflation en chute libre en Suisse

Le PIB du troisième trimestre a surpris à la baisse en accusant une contraction de 0,2% en glissement trimestriel. D’après le Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO), cette diminution provient essentiellement de la faiblesse des exportations, à laquelle s’est ajouté un été sec, qui a engendré une baisse de production dans les centrales hydroélectriques. Ces deux facteurs ne devraient pas persister, et les chiffres du quatrième trimestre sont déjà meilleurs dans ces domaines. L’indice des directeurs d’achats en Suisse (PMI) s’est redressé à 57,7 points en novembre, un niveau acceptable par rapport aux valeurs passées. 

L’érosion des prix ne s’explique pas uniquement
par la diminution des prix de l’énergie.

Selon l’enquête du centre de recherches conjoncturelles KOF, le solde net d’entreprises prévoyant une hausse de leurs commandes pour les trois prochains mois serait remonté au dernier trimestre 2018, alors qu’il ne cessait de reculer depuis le début de l’année. Le taux de chômage est tombé à 2,4%, au plus bas depuis 2002. Avec la modération de l’économie mondiale et l’appréciation du franc en 2018, nous attendons toujours un tassement de la croissance autour de son potentiel à long terme, ce qui apparaît infiniment prudent, puisque notre estimation de hausse du PIB de 1,2% en 2019 est la plus basse des 15 économistes interrogés par Consensus Economics.

L’inflation avait rebondi en juillet, avec une hausse annuelle de 3,8% des prix à la production et des importations et une progression de 1,2% des prix à la consommation (IPC). En novembre, ces deux chiffres étaient tombés à respectivement 1,4% et 0,9%. Nous prévoyons une nouvelle érosion de l’IPC à 0,7% ce mois-ci, puis à 0,5% mi-2019. Ce recul, généralisé, ne s’explique pas uniquement par la diminution des prix de l’énergie: les chiffres officiels montrent un léger repli du coût de la santé sur douze mois, et le franc fort rend les importations moins chères. Enfin, les loyers devraient aussi exercer un effet modérateur sur l’inflation en 2019.

 

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