Ecce homo

Igor de Maack, DNCA

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Les hommes et les femmes de notre temps sont aujourd’hui confrontés à un défi inédit.

©Keystone

Littéralement «voici l’homme»: cette déclaration supposément prononcée par Ponce Pilate lors de la présentation de Jesus-Christ aux Romains rappelle notre condition humaine enchaînée aujourd’hui par ce virus qui a dégénéré en crise économique planétaire. 

Il n’y a ni guerre, ni défaillance apparente du système capitaliste et pourtant l’affaissement des produits intérieurs bruts va ressembler aux pires moments de l’histoire économique moderne: -8% en France, -13% au Royaume-Uni (estimations à ce jour), ces chiffres nous ramènent à 1918 ou 1921.

Il y a aujourd’hui neuf millions de chômeurs partiels en France (un chiffre beaucoup plus élevé qu’anticipé par le gouvernement). Partout, les secteurs en danger (restauration, commerce, hôtellerie, transport) commencent à alerter les pouvoirs publics sur l’asphyxie de leurs entreprises. 

Après la coupe des dividendes, ce sont les rémunérations
des dirigeants des grandes entreprises qui vont devoir baisser.

L’argent public déversé pour soutenir les trésoreries des petites entreprises et financer le revenu disponible des ménages risque de ne pas être suffisant pour maintenir à flot les agents économiques. Du point de vue des agents privés, les individus auront tendance à épargner ce qu’ils n’ont pas consommé pendant cette période de confinement car l’avenir paraît sombre (et il est toujours incertain). Après la coupe des dividendes, ce sont les rémunérations des dirigeants des grandes entreprises ou des plus florissantes qui vont devoir baisser. Publicis et Sodexo ont montré la voie.

La fiscalité sera alourdie sur les individus les plus fortunés dans un effort de solidarité. Les marchés actions sont aujourd’hui dans la position d’attente pour évaluer la forme de la reprise (V, U ou L). Calmés par des mesures gargantuesques de mise à disposition de liquidités de la part des banques centrales et soulagés de constater que le coronavirus n’est à priori pas la peste noire, ils sont pourtant à risque car personne ne sait prévoir la vitesse et la forme de la reprise.

Des sacrifices vont devoir être réalisés et les marchés financiers
vont devoir l’accepter et donner un prix réel à ce nouvel environnement.

Les indices de volatilité ont fortement baissé mais l’or et le dollar demeurent les boussoles et les phares dans ce magma monétaire inflationniste. Cela montre que nous rentrons désormais dans le vif du sujet: le sujet économique encore que le sujet sanitaire ne soit point encore réglé totalement (résurgence des cas locaux en Chine).

Aucune économie ne se relève facilement d’une chute aussi drastique de l’activité. Des efforts et des sacrifices vont devoir être réalisés et les marchés financiers vont devoir l’accepter et donner un prix réel à ce nouvel environnement. Depuis 2009, la planète financière est inondée de liquidités et ça lui plait. La baisse des cours de certaines sociétés donnera sûrement l’occasion aux «stockpickers» l’occasion de racheter à bon compte en se sentant protégés par des banques centrales et des gouvernements aux aboies.

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