L’heure des comptes va sonner

Igor de Maack, DNCA

2 minutes de lecture

Le monde va devoir se préparer à la publication de chiffres macroéconomiques et microéconomiques désastreux.

© Keystone

Alors que le monde entier apprend chaque jour le décompte macabre des victimes de la pandémie COVID-19, il va maintenant devoir aussi se préparer à la publication de chiffres macroéconomiques et microéconomiques probablement désastreux.

En France, l’INSEE a publié l’impact du confinement sur la production et la consommation (-35%). Et, il est communément désormais admis par tous les organes et instituts que chaque mois de confinement strict enlève 3% de PIB. Les gouvernements européens se préparent donc à une baisse de PIB de l’ordre de 6% à ce stade sur l’année 2020. Mais cette estimation est bien sûr provisoire puisque l’on ne connaît pas encore les conditions de fonctionnement de l’économie en période de déconfinement. Les marchés ont, eux, pris le parti de se sentir soulagés par des chiffres «meilleurs» sur la propagation du virus. Ils ont enregistré la semaine passée une de leurs meilleures semaines depuis 2011. Pourtant, tant que l’on n’aura pas une vision exacte de l’atterrissage réel sur les comptes des entreprises, il paraît difficile de fixer un niveau de valorisation du marché actions.

Les mécanismes et systèmes d’aides mis en place
se déploient en Europe mais ne seront pas suffisants.

La réouverture du marché primaire du crédit (notamment sur le segment des obligations investment grade) constitue certes une bonne nouvelle. Mais les entreprises pour le moment sont probablement dans le flou total sur les résultats qu’elles pourront produire cette année. Il va aussi falloir aider les salariés, surtout ceux qui sont en bas de la pyramide. Des dirigeants vont devoir accepter de revoir à la baisse leurs conditions de rémunération. Pour l’instant, les estimations de baisse des bénéfices des entreprises pour 2020 s’échelonnent entre -45% et -60% selon les indices et les pays. Les mécanismes et systèmes d’aides mis en place se déploient en Europe mais ne seront pas suffisants. Des aides directes pour stimuler la demande devront être attribuées. L’Europe a fait aussi ses comptes malgré l’inflexible Hollande qui refuse la solidarité financière totale. 500 Md€ vont être mobilisés immédiatement et un fonds de relance sera lancé dans un avenir proche mais dont les contours doivent être encore définis. L’achoppement du dernier Eurogroup montre encore toute la difficulté d’avancer ensemble même si on se doute que pour leur survie, les pays d’Europe n’ont pas d’autre choix que de s’aider mutuellement.

L’heure des décomptes de voix potentielles a aussi sonné pour le candidat «socialiste» américain Bernie Sanders qui a annoncé son retrait de la course à l’élection présidentielle. Une fois encore le parti démocrate aura «choisi» la voie médiane et acceptable pour les milieux d’affaires. L’histoire personnelle de Joe Biden parsemée de drames familiaux, de maladies, de malchance, de rebonds et de succès pourrait bien peser dans la balance des électeurs à un moment où l’omniscient Donald Trump ne peut plus se targuer d’une économie qui progresse et d’un chômage qui baisse. Et puis dans ce monde où tout le monde est obligé de faire ses comptes pour tenir son budget, on peut aussi s’interroger sur le fait qu’un baril de pétrole (soit 159 litres de brut non raffiné et donc environ 74 litres d’essence en moyenne après raffinage) coûte aujourd’hui quasiment le prix de deux paquets de cigarette...

A lire aussi...