Urgences

Igor de Maack, DNCA

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Le monde se trouve en état d’urgence sanitaire, économique et financière. Nul ne peut prédire la date de sortie de cette crise inédite.

© Keystone

Le prix à payer pour réparer l’arrêt brutal de l’économie pendant le premier semestre 2020 sera très lourd à supporter. La multiplicité des chocs (sauf qu’il faut y rajouter un choc sanitaire) peut rendre comparable cette crise à l’impact de la faillite de Lehman Brothers sur les marchés financiers en 2008.

Il faudra cependant attendre de voir l’impact économique qui pourrait être du même ordre sur une période plus courte toutefois. Certaines économistes estiment que le PIB chinois pourrait avoir baissé de 6% au premier trimestre. Les plus grands spécialistes sanitaires et les autorités politiques essaient de pronostiquer la fin de la courbe de cas d’infections et des décès. C’est sur ces données que les marchés semblent vouloir se concentrer plus que sur les annonces des plans de soutien et les interventions des banques centrales. La dernière en date, celle de la BCE avec son Pandemic Emergency Purchasing Program (PEPP), n’aura réussi qu’à corriger les erreurs de communication de son conseil des gouverneurs.

Le deuxième semestre pourrait être celui d’un rebond mais il faudra
sûrement plusieurs trimestres pour relancer l’économie mondiale.

Certes, les réactions des gouvernements et des institutions monétaires semblent à priori à la hauteur. Le marché obligataire et le marché du crédit en zone euro ont plutôt bien réagi en fin de semaine. Les baisses drastiques de taux de la Fed et de la BOE combinées à la mise à disposition de liquidités pour le financement des économies sont salutaires. Mais cela suffira-t-il? Le virus sera-t-il contenu comme semblent le suggérer quelques «bonnes» statistiques en provenance de Chine? Le monde de demain, même s’il est trop tôt pour y penser, sera-t-il le même? Des questions triviales vont se poser sur l’état des systèmes hospitaliers, sur les normes sanitaires, sur la vie en collectivité, sur l’organisation de la chaîne de production et sur les priorités d’investissement. La fiscalité sera vraisemblablement alourdie pour absorber les déficits budgétaires et l’accroissement de la dette publique.

Personne n’était préparé à cette pandémie. Les pandémies font pourtant partie de l’histoire de l’humanité même récente (crise asiatique en 1957 et grippe de Hong Kong en 1968). La grippe de Hong Kong sert même d’exemple aujourd’hui à tous les travaux de modélisation pandémique.

Aujourd’hui, les gérants de portefeuille se doivent surtout d’être attentifs à la liquidité de leurs portefeuilles et de leurs positions. Si on compare cette baisse des bourses à celle de 1987, le deuxième semestre pourrait être celui d’un rebond mais il faudra sûrement plusieurs trimestres pour relancer l’économie mondiale.

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