Dompter l’inflation

Salima Barragan

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«Malgré la récession, les prévisions de rendement sont supérieures de 2,25 points à celles de l'an dernier», estime Joe Davis de Vanguard.

La réponse monétaire coordonnée des banques centrales sera-t-elle suffisante afin de dompter l’inflation galopante? Les experts de Vanguard se sont penchés sur cette question cruciale lors de leur présentation des perspectives annuelles. Selon le gestionnaire d’actifs, la politique agressive de la Fed pour combattre le renchérissement finira par porter ses fruits, mais la désinflation aura un prix: celui d’une récession mondiale, excepté en Chine, en Australie et en Asie.

Une inclinaison au lieu d’un pivot

Si la politique monétaire demeure le facteur clef des prévisions, la Fed devra vraisemblablement promouvoir la stabilité des prix au détriment de l’emploi. Selon Vanguard, les banques centrales poursuivront leur cycle de resserrement agressif jusqu'au début de l’année, avant de marquer une pause plus tard dans l’année.

«La plupart des banques centrales hésiteront à réduire les taux en 2023 afin de contenir la croissance des salaires.»

«Les marchés s’attendent à voir un pivot, mais nous anticipons davantage une inclinaison ainsi qu’un taux directeur surpassant l’inflation lors du premier trimestre 2023, ce qui signalera que la restriction monétaire perdure», explique l’économiste en chef global Joe Davis convaincu que la plupart des banques centrales hésiteront à réduire les taux en 2023 afin de contenir la croissance des salaires. «Les pertes d'emplois devraient être plus concentrées dans les secteurs de la technologie et des fintechs qui ont été parmi les plus grands bénéficiaires de la pandémie, mais aussi dans l’immobilier qui a profité d’un environnement de taux zéro», poursuit-il.

Une inflation qui redescend graduellement

La concordance de la détérioration significative des conditions financières, des préoccupations énergétiques et d’une baisse du volume des échanges commerciaux indiquerait que l'économie mondiale entrera probablement en récession cette année. «Aux Etats-Unis, la restriction monétaire devrait commencer à faire son effet dans les douze prochains mois en menant graduellement l’inflation autour 3%», explique-t-il. Il faudra cependant attendre la fin de l’année prochaine afin avant que le renchérissement s’ancre autour de l’objectif de 2% de la Fed.

En Europe, l’inflation oscillera autour de 10% en raison de la crise de l’énergie. «Bien que l’inflation de la zone euro devrait reculer légèrement, les consommateurs européens ressentent plus vivement la douleur des prix de l’énergie», ajoute-t-il. La probabilité d’une récession dans le Vieux Continent atteint 90% dans la zone euro, voire un 100% au Royaume-Uni.

Phénomène courant lors d’une récession, les marchés d'actions n'ont pas encore chuté au-dessous de leur juste valeur. A long terme, Vanguard anticipe une évolution positive sur les actions mondiales en raison de la baisse des valorisations et de la hausse des taux d'intérêt. «Malgré la récession, les prévisions de rendement sont supérieures de 2,25 points de pourcentage à celles de l'an dernier et les marchés asiatiques devraient offrir de meilleures performances que leurs pairs continentaux», conclut-il.

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