Garder son calme dans les périodes troubles

Christophe Collet, Vanguard

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Les investisseurs devraient se concentrer sur les aspects qu’ils peuvent maîtriser, notamment en définissant des objectifs de placement à long terme.

Pour de nombreux investisseurs, il est difficile de faire face aux turbulences. Ils se laissent déstabiliser aux premiers remous sur les marchés. Or, il faut idéalement résister à la propension à réagir au quart de tour pour faire fructifier ses capitaux. L’un des principes fondamentaux de la réussite à long terme, en matière d’investissement, est en effet de conserver sa discipline.

La guerre en Ukraine provoque de lourdes pertes humaines et d’incommensurables souffrances. En même temps, les conséquences économiques du conflit et des réactions politiques qu’il entraîne, y compris les sanctions, suscitent une profonde inquiétude parmi les investisseurs, qui se demandent ce que peut bien leur réserver l’avenir. Souvent, les turbulences connexes sur les marchés des capitaux les poussent à réagir immédiatement pour éviter des pertes imminentes, ou à tout le moins, les limiter.

Les réactions émotionnelles aux fluctuations accrues des marchés sont naturelles...

... surtout dans un contexte d’incertitude économique et politique tel que nous le connaissons actuellement. S’agissant de décisions d’investissement, toutefois, les émotions ne sont que rarement bonnes conseillères, car elles brouillent fréquemment la vision à long terme. Cette perspective est pourtant beaucoup plus importante que les soubresauts à court terme des marchés pour la réussite de placements de capitaux dans la durée.

Ce constat vaut également, en particulier, pour les vagues de ventes alimentées par les facteurs géopolitiques. Une analyse historique montre qu’elles ne durent généralement que peu de temps. Vanguard s’est penchée sur plus d’une vingtaine d’événements géopolitiques des 60 dernières années, dont certains ont mis les marchés sens dessus dessous. Cela permet d’anticiper quelque peu comment les marchés financiers pourraient réagir au cours des semaines et des mois à venir.

Le plus souvent, le marché des actions américain n’a pas mis longtemps à se redresser après les premières vagues de ventes.

Crise de Suez, construction du mur de Berlin, crise de Cuba et choc pétrolier, guerre des Six Jours, première et seconde guerres du Golfe, procédures de destitution contre les présidents américains Nixon, Clinton et Trump ou encore Brexit: le plus souvent, le marché des actions américain n’a pas mis longtemps à se redresser après les premières vague de ventes. En moyenne, la hausse a atteint 5% après six mois et 9% après un an. Lorsque ces crises ont éclaté, toutefois, rien ne laissait en général présager qu’une reprise y succéderait si rapidement.

C’est à nouveau le cas aujourd’hui, d’autant que les marchés des capitaux sont confrontés à un lot supplémentaire de difficultés. Alors qu’elle culmine à un niveau qui n’avait plus été observé depuis plusieurs décennies, l’inflation pourrait encore grimper, dépassant toutes les prévisions, car les goulets d’étranglement persistent dans l’approvisionnement en marchandises depuis cette région. Les prix élevés de l’énergie, dans un environnement commercial potentiellement plus complexe à cause du conflit, pourraient peser sur la croissance économique et les bénéfices des entreprises. Par conséquent, les marchés des actions pourraient à court terme témoigner de réactions négatives.

Une fois encore, la perspective à plus long terme mérite néanmoins d’être gardée à l’esprit: les corrections sur les marchés ne sont pas rares, loin s’en faut. Tout investisseur opérant dans un horizon à longue échéance en traverse plusieurs au fil de son parcours. De surcroît, les phases ascendantes sont en moyenne nettement plus prononcées que les mouvements de recul sur les marchés des actions. D’après l’indice des actions mondial MSCI World, les tendances baissières ont en moyenne duré 236 jours et abouti à une diminution de 28% depuis 1980. Les courbes haussières se sont en revanche étendues sur 852 jours, et leur augmentation moyenne de 99% a été plus que suffisante pour rattraper les pertes.

Bien entendu, l’idée de participer uniquement aux mouvements de hausses sur les marchés des actions est séduisante. A chaque fois, il s’avère cependant vain d’essayer de repérer les moments d’entrée et de sortie idéaux, surtout considérant les crises politiques imprévisibles. L’effondrement lié au coronavirus, suivi d’un redressement fulgurant, il y a deux ans a néanmoins démontré que les réactions instantanées à des turbulences à brève échéance ne sont guère propices à la réussite des placements. Les investisseurs ne peuvent contrôler l’évolution des marchés.

En conclusion, les investisseurs doivent garder la tête froide et se concentrer sur les aspects qu’ils peuvent maîtriser, spécialement durant les périodes troubles. Parmi ces aspects, ils peuvent notamment définir des objectifs de placement à long terme et répartir leurs avoirs dans un large éventail de titres et de catégories de placement.

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