Dette publique française à 100% du PIB

Philippe Waechter, Ostrum AM

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Malgré son caractère impressionnant ce seuil n’est pas forcément une source pénalisante pour la dynamique de l’économie.

© Keystone

Avec l’intégration par l’INSEE de la dette de la SNCF, la dette publique française mesurée en pourcentage du PIB a passé le niveau de 100% au cours de l’année 2017. En 2018, ce n’est plus le cas. Au deuxième trimestre de cette année, la dette publique ne représentait plus que 99% du PIB.

On observe deux périodes sur le graphe représentant cette série: avant et après la crise de 2008. L’Etat, en accroissant son émission de dette, a facilité l’ajustement macroéconomique en mutualisant dans le temps le choc subi par l’économie française.

La dérive de la dette publique traduit la lente vitesse
d’ajustement des institutions françaises.

Ce que l’on remarquera est qu’il y a une dérive à la hausse après 2010. Ce point n’est pas spécifique à la France et reflète une croissance plus lente de l’économie française dans la durée alors que son système social ne s’est pas adapté à cette nouvelle évolution. La dérive de la dette publique traduit la lente vitesse d’ajustement des institutions françaises.

En d’autres termes, la dette publique permet de mutualiser les chocs et c’est son rôle principal mais elle dérive lorsque l’économie tarde à s’ajuster à de nouvelles conditions économiques.

 
Le seuil de 100% du PIB, est-ce préoccupant ou pas? L’exemple du Japon

Le Japon, dont la dette publique représente 240% de son PIB, est le pays qui se sort le mieux de la crise si on regarde le PIB par tête. Le problème c’est qu’il n’y a pas de règle indiquant un niveau excessif de la dette publique.

Est-ce ennuyeux alors que la dette publique allemande se réduit?

L’Allemagne est le seul pays en zone Euro qui a eu la capacité à s’adapter très vite au nouvel environnement post-crise. Cela traduit notamment sa capacité à répondre à la demande asiatique.

L’économie française n’a pas la même forme de croissance et son ajustement est plus lent.

Faut-il une dette publique?

Bien entendu, c’est le seul actif qui permet le transfert dans le temps de la richesse sans risque. C’est l’actif sans risque par excellence. Elle est donc indispensable. A la fin des années 90, sous l’ère Clinton, on imaginait une réduction voire une disparition de la dette publique. Cela aurait été une catastrophe.

Il n’y a pas que l’Etat qui est endetté. Les ménages et les entreprises le sont aussi. Est-ce plus préoccupant?

Pour les ménages, la hausse de la dette traduit notamment un pouvoir d’achat qui progresse moins vite mais aussi un prix de l’immobilier qui, dans les métropoles, est très élevé.

Il y a une rigidité progressive de la capacité
d’adaptation des acteurs privés en France.

La hausse de l’endettement des entreprises est peut-être une opportunité pour certaines de bénéficier de taux d’intérêt très bas mais cela traduit surtout des gains de productivité insuffisants.

Les niveaux très élevés de l’endettement de l’un et l’autre limitent la capacité de l’un et l’autre acteur de l’économie à s’adapter à un environnement changeant. C’est une raison de la nécessité d’une mutualisation des chocs par la dette publique.

Il y a donc une rigidité progressive de la capacité d’adaptation des acteurs privés en France. C’est un problème d’efficacité du système économique dans son ensemble.

Que penser du budget français pour 2019?

Il y a pas mal de points sur lesquels on peut être d’accord. Deux remarques peuvent être faites. La première est que s’il y a une baisse d’impôts de 6 milliards pour les ménages, elle est en partie compenser pour 2,5 milliards, par des prélèvements nouveaux (tabac, carbone) et des sous indexations sur les retraites et des aides sociales. L’autre remarque est que le scénario macroéconomique parait un peu trop optimiste. Une croissance attendue de 1,7% parait être dans le haut de la fourchette de ce que l’on peut attendre alors que la croissance globale est moins vive. Cela veut dire que le solde budgétaire attendu à 2,8% sera difficile à tenir.

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