Des marchés en téflon

Axel Botte, Ostrum AM

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Malgré l’inflation, l’espoir d’une issue en Ukraine et la baisse du brut et des taux à long terme ravivent la tendance à la hausse sur les marchés actions.

 

La logique suivie par les marchés financiers est rapidement évolutive. La crainte d’une résurgence de l’inflation aux Etats-Unis a laissé place aux espoirs d’une issue à la guerre en Ukraine qui permettrait (mais à quel prix?) une détente des prix de l’énergie. La volatilité des actions reste basse. Les livraisons physiques d’or en nette augmentation traduisent toutefois une certaine prudence, voire une défiance des Banques centrales envers les Treasuries. La baisse instantanée des actions et des emprunts d’états après la publication de l’IPC de janvier s’est ainsi corrigée dès le lendemain. L’incertitude semble valider l’attentisme de la Fed, qui semble déjà regretter l’assouplissement accéléré depuis septembre. Les annonces tarifaires intempestives n’ont plus l’effet escompté et le dollar s’effrite avec le principe de réciprocité des droits de douane désormais invoqué par Donald Trump. L’Administration américaine navigue à vue, les ordonnances de l’exécutif sur les dépenses fédérales étant une à une retoquées par les juges.

Inflation en hausse, marchés sous tension

L’inflation américaine remonte à 3% en janvier. La révision annuelle de l’indice des prix, qui minore le poids du logement, effacera en partie la désinflation escomptée pour 2025. Les prix alimentaires, le transport et la saisonnalité des prix significative en janvier expliquent la surprise haussière. Les prix à la production (+3,4%) dépeignent les mêmes tensions sur les prix. Les ventes au détail s’inscrivent en nette baisse de 0,9% en janvier après une fin d’année en forte croissance sur les dépenses en biens durables. Ces signaux contradictoires compliquent la situation pour la Réserve fédérale. Jerome Powell estimait devant le Congrès que l’inflation restait un point d’attention. La hausse des retards de paiements sur les cartes de crédit et les prêts automobiles, parallèlement au rebond des encours prêtés, témoignent du aible impact du resserrement monétaire de la Fed, au moment où le CFPB subit les assauts d’une administration obsédée par la dérégulation. Les données de prix japonaises conduiront sans doute la BoJ à poursuivre les hausses de taux d’intérêt. En zone euro, la croissance est révisée en hausse à +0,1%. Les commandes à l’industrie allemande se sont redressées en fin d’année. On entrevoit peut-être le bout du tunnel à la veille des élections. 

L’inflation et la politique étrangère de Donald Trump ont rythmé l’action des prix sur les marchés financiers. Le T-note a brièvement touché 4,65%, après la publication de l’IPC américain, avant de terminer la semaine sous 4,50%, après les ventes au détail. Les points morts à long terme ont aussi sous-réagi à la hausse de l’inflation. Le statu quo monétaire de la Fed visera en effet à limiter les anticipations d’inflation. Le Bund a suivi le T-note avant de se replier vers 2,40%. Les spreads souverains restent globalement stables et l’OAT surperforme légèrement. Le swap spread à 10 ans repasse en territoire positif. La hausse des actions répond à la rechute des taux à long terme. Le banques de la zone euro, portées par les résultats et les projets de consolidation du secteur, continuent de mener la cote. La bonne performance des valeurs bancaires se reflète dans la baisse des spreads de crédit, dont les dettes financières. Le crédit IG en euro s’échange sous les 80pb contre swap. Le high yield suit cette tendance malgré les valorisations tendues. Le crossover se traite sous 280pb.

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