Des bons du Trésor attrayants

Raffaele Prencipe, DPAM

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A eux seuls, des rendements intéressants ne suffisent pas. Chaque investisseur doit bien choisir son point d’entrée.

Comparés aux autres actifs, les emprunts d’Etat américains restent un placement refuge intéressant. Cependant, les raisons de la hausse de leurs rendements ces derniers mois sont propres au marché américain. La commission des finances du Congrès (Congressional Budget Office ou CBO) table sur un déficit budgétaire moyen de 6,1% ces 10 prochaines années. En Europe, les règles relatives aux déficits publics pourraient être réactivées dès l’an prochain, ce qui signifie qu’aucun pays de l’Union européenne ne pourra laisser son déficit public annuel excéder les 3% de son produit intérieur brut.

De crise en crise

En août, l’agence de notation Fitch a abaissé la note des États-Unis, la faisant passer de AAA à AA+. Elle a motivé sa décision en invoquant la détérioration attendue du budget du pays, le niveau élevé et la progression de la dette publique ainsi que par l’érosion de sa gouvernance. En septembre, grâce à l’adoption in extremis d’une mesure de financement d’urgence permettant à l’administration fédérale américaine de fonctionner normalement durant 45 jours, le Congrès a évité la paralysie de l’administration fédérale, le fameux «shutdown». A suivi début octobre une nouvelle crise, la destitution du président de la Chambre des représentants, une première dans l’histoire du Congrès.

Ces deux dernières années, les grands détenteurs de bons du Trésor sont devenus vendeurs nets, favorisant l’arrivée de nouveaux acheteurs beaucoup plus sensibles aux prix.

Alors que l’on s’attendait à ce que les taux d’intérêt plus élevés ralentissent l’économie, la croissance s’est en fait accélérée pour atteindre le rythme relativement soutenu, qui s’est établi à 4,9% en glissement trimestriel au troisième trimestre. La banque centrale américaine, la Réserve fédérale (Fed), a marqué une pause lors de sa dernière réunion, mais elle a laissé entendre qu’elle procéderait à une nouvelle hausse.

Prime de terme: retour au positif

En parallèle à ces évolutions, la structure du marché des bons du Trésor américain a changé. Ces dernières années, les principaux acheteurs avaient été la Réserve fédérale dans le cadre de son programme d’assouplissement quantitatif, les banques centrales étrangères qui se constituaient des réserves de change et les banques domestiques qui devaient répondre à l’augmentation des dépôts des particuliers. Ces acheteurs affichaient une faible sensibilité au prix. La prime de terme (supplément de rendement exigé par l’investisseur pour accepter de détenir une obligation de longue maturité plutôt que de courte durée) est devenue négative.

Cependant, ces deux dernières années, ces grands détenteurs de bons du Trésor sont devenus vendeurs nets, favorisant l’arrivée de nouveaux acheteurs beaucoup plus sensibles aux prix. Cette évolution s’étant produite à un moment où l’endettement public augmentait, elle a conduit à un déséquilibre entre offre et demande et la prime de terme est donc redevenue positive.

Du choix du point d’entrée

Les bons du Trésor à un an présentent un risque de réinvestissement, dans la mesure où l’investisseur pourrait devoir accepter un taux plus bas lorsqu’il devra réinvestir à l’échéance d’une année. En optant pour des obligations à 10 ans, il est possible de s’assurer d’un certain niveau de rendement, mais il y existe un risque taux dans la mesure où le cours de l’obligation peut baisser (bien qu’il n’y ait pas de perte si l’obligation est conservée jusqu’à l’échéance). Dans ce contexte, les obligations 5 à 7 ans représentent un compromis possible.

Dans l’ensemble, les rendements actuels sont attrayants. Selon les scénarios retenus, les rendements sont susceptibles de continuer à augmenter (dans l’éventualité d’une normalisation complète de la prime de terme par exemple) ou ils pourraient, au contraire, diminuer (dans le cas d’une crise économique). Mais quoiqu’il en soit, ce sont avant tout les objectifs de l’investisseur et son allocation d’actifs qui doivent déterminer son point d’entrée.

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