Défis américains

Wilfrid Galand, Montpensier Finance

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Stratégie, économie, finance: la Chine, la dette et le dollar seront au cœur du mandat présidentiel qui débutera le 20 janvier prochain.

Tous les quatre ans, la première puissance mondiale se donne un nouveau cap. En 1960, un jeune président avait pour objectif de conquérir la lune, de contenir les avancées du grand rival soviétique et de faire revivre le rêve américain. Soixante ans plus tard, en pleine crise pandémique, la puissance américaine est plus que jamais au défi.

Le premier défi est chinois. Economiquement, l’empire du Milieu représente désormais les trois quarts du PIB américain et se rapproche de lui: si l’on cumule les croissances attendues en 2020 et 2021, la richesse produite par la Chine augmentera d’environ 10% tandis que celle des Etats-Unis sera tout juste positive, probablement autour de 1%. De quoi rendre Xi Jinping confiant sur son ambition affirmée de voir son pays retrouver d’ici dix ans la place centrale qu’il avait jusqu’au milieu du XVIIIe siècle.

Les Etats-Unis doivent augmenter
leur croissance potentielle et donc leur productivité.

Technologiquement et stratégiquement, la Chine se veut également le premier rival des Etats-Unis. Le plénum du Comité central du Parti l’a clairement affirmé le 28 octobre dernier: le pays ne veut plus être dépendant de la technologie américaine pour ses équipements de pointe. La Chine compte sur ses propres forces… et n’hésite plus à montrer ses ambitions stratégiques, en particulier en Mer de Chine et dans le détroit de Taïwan. Le défi chinois à l’Amérique est donc double : affirmer une doctrine stratégique – avec quels alliés? – et retrouver de l’élan économique.

Pour cela, les Etats-Unis doivent augmenter leur croissance potentielle et donc leur productivité. Le remède est connu: il faut investir massivement dans les infrastructures. Démocrates ou Républicains, ce point fait l’objet d’un large consensus… même si le chemin évidemment diffère. L’obstacle est ici celui de la dette, au plus haut depuis la seconde guerre mondiale. La Fed sera vigilante pour maintenir des conditions de financement exceptionnelles mais les équilibres financiers seront délicats, et pourraient bien mettre à mal le pivot de la puissance américaine, le dollar.

C’est sans doute le principal défi de l’Amérique: la possible «dédollarisation» du monde. Les masses de dettes nécessaires pour financer les plans de relance et accélérer la croissance augmentent les pressions à la baisse sur le dollar et pourraient mettre en jeu son rôle central dans le système financier international. Déjà, la Chine a lancé cette année des contrats futurs en yuan sur le pétrole et la BCE souhaite accélérer sur «l’euro numérique». Sans le dollar-roi, l’Amérique rentrerait dans le rang, et le billet vert deviendrait alors sa monnaie et son problème. De quoi peut être donner à l’euro un nouveau rôle. Et si le «nouveau monde» était autant européen que chinois?

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