Credit Suisse vers ses derniers résultats du premier trimestre en tant que société indépendante

AWP

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Ce lundi, les observateurs ne devraient guère se focaliser sur la nouvelle et lourde perte qui se profile, mais plutôt sur les avoirs que le futur ex-numéro deux bancaire helvétique sera en mesure d’apporter à UBS.

En voie d’être repris par UBS, Credit Suisse dévoilera lundi prochain pour une dernière fois ses résultats du premier trimestre en tant que société indépendante. Pour cette ultime présentation, les observateurs ne devraient guère se focaliser sur la nouvelle et lourde perte qui se profile, mais plutôt sur les avoirs que le futur ex-numéro deux bancaire helvétique sera en mesure d’apporter à UBS dans un contexte de reflux massifs de fonds.

En février dernier, soit avant l’annonce fatale à Credit Suisse le 19 mars dernier de sa reprise forcée par UBS à l’initiative du Conseil fédéral, la banque aux deux voiles avait averti anticiper une lourde perte pour les trois premiers mois de l’année. Mais depuis ce dimanche de mars, la question de la perte ne revêt plus grande importance, laissant la place à celle des avoirs dont dispose encore Credit Suisse.

Fin 2022, l’établissement zurichois affichait une masse sous gestion de quelque 1290 milliards de francs, ceux de son futur repreneur UBS s’élevant alors à 3960 milliards. Lundi prochain, tous les regards se porteront sur les informations que fournira Credit Suisse sur les événements de la mi-mars. Dans le contexte d’une nouvelle dégringolade de son action, la banque en difficulté avait alors dû faire face à des retraits de fonds massifs, lesquels avaient conduit le week-end suivant à l’annonce de la reprise par UBS.

La situation de Credit Suisse, déjà difficile depuis plusieurs mois, s’était encore dégradée après les propos du président de Saudi National Bank (SNB), l’actionnaire principal du numéro deux bancaire helévtique, lequel avait exclu une nouvelle injection de fonds, alors même que l’institut de la Paradeplatz se trouvait sous pression depuis les difficultés rencontrées par plusieurs banques régionales américaines.

Retraits massifs

Selon les observateurs, Credit Suisse aurait subi durant les quelques jours précédents l’annonce de sa reprise par UBS des retraits de fonds quotidiens de pas moins de 10 milliards de francs. Dans ce contexte, la Banque nationale suisse (BNS) est intervenue, annonçant mettre à disposition de l’établissement des liquidités. Une offre que Credit Suisse a saisie quelques heures plus tard, contractant auprès de l’institut d’émission un prêt de 50 milliards.

Lors de l’annonce de la reprise forcée de Credit Suisse par UBS, la Confédération et la BNS ont indiqué mettre à disposition du géant bancaire né de la fusion des aides sous forme de liquidités à hauteur de 200 milliards de francs. Comme l’a reconnu plus tard dans la presse la ministre des finances, Karine Keller-Sutter, Credit Suisse n’aurait probablement pas survécu au lundi sans l’intervention orchestrée par le Conseil fédéral.

Quelques mois auparavant, Credit Suisse s’était trouvé une première fois dans l’oeil d’un cyclone boursier, gonflé aussi par le souffle de rumeurs des réseaux sociaux. Ainsi, comme le laisseront apparaître les résultats annuels de la banque, celle-ci a dû faire face en l’espace de quelques jours en octobre à des retraits de fonds à hauteur de 85 milliards de francs. Sur l’ensemble du quatrième trimestre, ils ont culminé à 110 milliards.

Pour les trois premiers mois de 2023, les experts anticipent une perte nette entre 700 millions de francs et 1 milliard, soit un sixième trimestre d’affilée clôturé dans le rouge. Les experts de la banque britannique Barclays misent sur un effondrement des revenus de 60% sur un an, alors que les coûts devraient avoir dans le même temps fléchi de près d’un tiers. Aucune unité de l’établissement ne devrait avoir été épargnée par la chute des recettes, note pour sa part la banque Vontobel.

Mutisme de mise

Et l’annonce de la reprise par UBS devrait avoir peu ou prou sonné le glas des nouvelles affaires. Credit Suisse devrait cependant avoir bénéficié de gains exceptionnels consécutifs à la vente de certaines activités de sa banque d’affaires, dont un produit d’environ 800 millions de francs pour la cession de l’unités des produits titrisés (Securitized Products Group) à la société américaine Apollo Capital Management.

L’évolution des affaires depuis le début avril suscite aussi la curiosité des observateurs. Si le sauvetage in extremis de la banque devrait avoir calmé les inquiétudes des clients quant à leurs économies, ceux-ci se posent désormais la question de rester dans la future UBS ou de changer d’établissement. Des considérations qui valent essentiellement pour la clientèle fortunée et celle des entreprises, qui pour ne pas mettre tous leurs oeufs dans le même panier disposent des comptes auprès des deux grandes banques.

Les réponses à toutes ces interrogations pourraient cependant laisser sur leur faim bien des observateurs, Credit Suisse ayant d’ores et déjà précisé que les informations délivrées lundi se limiteront au seul communiqué de presse. Ils devront donc patienter quelques heures et attendre la présentation le lendemain de la performance du 1er trimestre d’UBS pour obtenir d’éventuels éclaircissements.

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