COP26: est-ce que tout va devenir écologique?

Chris Iggo, AXA Investment Managers

3 minutes de lecture

La pression monte et la transition vers un monde à zéro émission va coûter très cher, mais elle signifie aussi d’énormes opportunités pour les investisseurs.

  • La conférence de l’ONU sur le changement climatique COP26 est terminée. Toutefois, les mesures prises ne suffiront pas pour atteindre l’objectif de 1,5 degré 
  • La pression exercée sur les gouvernements et les entreprises les contraint à en faire beaucoup plus 
  • La transition vers un monde à zéro émission va coûter très cher, mais elle signifie aussi d’énormes opportunités pour les investisseurs 
La bonne direction 

Le monde n’est probablement pas encore sur la bonne voie pour empêcher une hausse des températures globales de plus de 1,5 degré par rapport au niveau d’avant l’industrialisation. Malgré toutes les promesses annoncées lors de la conférence des Nations Unies sur le réchauffement climatique COP26 de Glasgow, nous allons à l’avenir être plus souvent confrontés à des événements climatiques extrêmes. La pression exercée sur les responsables politiques pour agir davantage va donc continuer. La bonne nouvelle pour les investisseurs est que nous mobilisons des moyens financiers pour soutenir la transformation et que les entreprises développent des technologies plus durables. Nous allons définitivement vers une économie plus écologique, ce qui implique d’énormes possibilités d’investissement. 

Déclin ou réussite? 

La réussite de la conférence des Nations Unies sur le changement climatique COP26 dépend de la réponse à une question simple: Est-ce que la conférence peut contribuer durablement à éliminer les émissions de dioxyde de carbone nettes générées par l’humanité et stopper la hausse de la température atmosphérique globale pour l’empêcher de dépasser les 1,5 degré d’ici 2050? Bien entendu, nous ne pouvons pas y répondre aujourd’hui. Nous devons donc nous fier aux analyses scientifiques et à notre faculté de jugement pour décider de croire ou non si a) les engagements pris par les chefs d’état et des gouvernements à Glasgow seront suffisants et b) si ce qui a été promis et ce qui sera réalisé suffiront pour atteindre l’objectif déclaré d’ici 2050. 

Moins de deux degrés?

Certaines études indiquent que les températures globales atteindront un pic de 1,9 degré d’ici la fin du siècle. Un rapport de Climate Resource fait référence à des examens réalisés par l’université de Melbourne sur la base des engagements des pays, directement avant la COP26. En supposant que les promesses soient mises en oeuvre (y compris les contributions nationales actualisées sur la protection climatique (Nationally Determined Contributions) de l’Inde et de la Chine, nous avons une probabilité de 50 pour cent que la hausse de température reste inférieure à deux degrés. Il s’agit donc peut-être d’une bonne nouvelle.

Plein feu sur les quatre grands pollueurs 

Les accords concernant la déforestation, les plans de réduction des émissions de méthane ainsi que l’engagement à renoncer au charbon nous permettent d’être optimistes. Il en va de même de la déclaration des USA et de la Chine concernant leur engagement à travailler ensemble afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Ces deux pays sont les plus gros pollueurs, suivis de l’Inde et de la Russie. Toutefois, le fait qu’aucun des quatre grands pays se soit engagé à réduire à zéro ses émissions d’ici 2050 et que personne n’ait signé l’accord concernant le renoncement au charbon, pourrait réduire à néant ce début de prise de confiance. 

Les obligations politiques ne peuvent pas être ignorées 

Jusqu’à présent, nous n’avons réalisé que peu de progrès. Ils ne suffisent pas pour atteindre les objectifs de Paris. Il est compréhensible que les activistes réagissent aux promesses officielles de manière sceptique. On a l’impression que les gouvernements des plus grands pays manquent d’ambition et que les délibérations politiques nationales, d’importants intérêts personnels et les considérations géographiques les empêchent d’agir. Pouvons-nous par exemple être vraiment certains que les dirigeants politiques du Brésil stopperont la déforestation de la région amazonienne si l’on considère l’importance de l’élevage du bétail et de la production de soja pour l’économie brésilienne? Ou pouvons-nous être certains que les Etats-Unis respecteront leurs engagements si les élections de 2024 entraînent un changement politique significatif? 

Les entreprises ouvrent la voie 

La COP26 a également montré que le secteur privé fait déjà beaucoup de choses. Sous la pression de leurs investisseurs et des clients, les entreprises développent de nouvelles technologies dans de nombreux secteurs et transforment leurs modèles commerciaux pour passer aux émissions zéro. Le progrès technologique avance partout, ce qui signifie aussi que les coûts de production associés à de moindres émissions de dioxyde de carbone diminuent. 

Davantage d’opportunités 

Le secteur privé ne peut cependant pas agir seul, et il reste encore beaucoup à faire, même pour les politiciens. Dans tous les secteurs, la mobilisation de moyens financiers écologiques va jouer un rôle important. Par ailleurs, nous enregistrons une augmentation continuelle des capitaux que le secteur financier dirige vers des investissements à zéro émission. Cela signifie d’énormes possibilités d’investissement dans les sociétés leaders qui développent des solutions technologiques pour faire face au réchauffement climatique ainsi que dans les entreprises qui ouvrent la voie avec un modèle commercial basé sur la réduction des émissions de CO2. Cet engagement concerne en partie les technologies qui transforment le système – véhicules électriques, batteries, énergies renouvelables, hydrogène, etc. Cela signifie aussi utiliser les facteurs ESG pour identifier les entreprises qui modifient leurs activités actuelles et diminuent leur empreinte carbone. 

Le prix du carbone 

Par ailleurs, un système permettant de définir le prix du carbone devient de plus en plus important. Le prix du CO2 - sous forme d’impôts sur les émissions ou de système communautaire d’échange de quotas d’émission avec des seuils et le commerce - internationalise les frais externes des émissions de CO2. Cela signifie par exemple qu’un fournisseur d’électricité qui utilise des combustibles fossiles, doit prendre en compte les frais de carbone dans ses calculs. Ceci entraînerait une réduction des marges de bénéfices, ou les coûts devraient être transmis aux clients. Dans les deux cas, les affaires seraient moins intéressantes. La hausse du prix des combustibles fossiles décalerait donc la comparaison relative des coûts au profit des alternatives renouvelables. Ceci ne concerne pas uniquement le secteur de l’énergie mais toute une série de branches. Alors que les processus qui reposent sur les combustibles fossiles deviennent de plus en plus chers, la technologie diminue le coût des alternatives. Ceci apportera une contribution massive à la décarbonisation de l’économie réelle. 

Transition onéreuse 

Un autre point soulevé à Glasgow lors des discussions est le prix de la transformation. Ainsi, la transition pourrait coûter cher car elle entraîne une hausse du prix de certaines marchandises et prestations de service. Par ailleurs, les gouvernements et autres responsables politiques ne se sont pas encore penchés sur les frais qui incomberont aux ménages et aux pays pauvres – voitures électriques, chauffage des bâtiments, besoins essentiels en matière de transport et d’habitat dans les pays émergents. Nous devrons couvrir d’énormes frais sociaux si nous ne sommes pas prêts à accepter les frais économiques et humains nettement plus élevés, causés par une hausse de plus de deux degrés.

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