Compte à rebours

Stéphane Ifrah, Napoleon Group

2 minutes de lecture

Chronique blockchain. Le «halving» est un événement rare qui pourrait relancer la dynamique haussière du Bitcoin?

Nous sommes à moins de trois semaines d’un événement qui n’intervient que tous les 4 ans environ, les précédents ayant eu lieu en 2012 et 2016. Le protocole Bitcoin prévoit en effet deux types de rémunération pour les mineurs qui le font vivre et en sont les garants:

  1. les frais de transaction payés par les utilisateurs pour effectuer un transfert sur la blockchain Bitcoin et
  2. un montant fixe pour la validation d’un nouveau bloc. Depuis 2016, ce montant perçu pour la validation d’un bloc est de 12,5 BTC. Elle sera ramenée à 6,25 BTC lors de ce qu’on appelle communément le «halving» dans l’univers Bitcoin. En effet, le protocole prévoit une division par 2 de cette rémunération tous les 210,000 blocs jusqu’à environ 2140 où les 21,000,000 BTC auront été émis.
La probabilité de gagner le droit de valider un nouveau bloc
est proportionnelle à la puissance de calcul du mineur.

Le temps de validation d’un bloc est variable mais très proche de 10mn. Il est «régulé» par deux éléments: le hashrate qui représente la puissance de calcul cumulée des mineurs afin de résoudre le problème mathématique du protocole qui permet de gagner la validation d’un nouveau bloc et la difficulté du calcul proposé pour faire en sorte que l’espérance de résolution du problème reste proche de 10mn. Il est prouvé que la probabilité de gagner le droit de valider un nouveau bloc est directement proportionnelle à la puissance de calcul du mineur. Cela explique que les acteurs se regroupent en pool de minage organisés par quelques entités qui mettent en commun leur ressources et partagent les gains afin d’augmenter leur chance de rémunération.

Source: Flavius Todorius

Il n’y a que deux exemples de halving dans la jeune histoire du Bitcoin qui ont chacun conduit à un premier rallye modéré juste avant, suivi d’un très fort rallye dans les 12 mois suivants. Économiquement, c’est très cohérent avec le modèle de valorisation de «Stock to Flow» que nous avons évoqué lors d’une précédente tribune1. En effet, les mineurs sont des acteurs industriels, qui doivent investir dans la puissance de calcul, combattre l’obsolescence de leur matériel et payer des couts d’exploitation, principalement l’électricité et la gestion des datacenters. Pour cela, ils doivent dépenser des dollars ou d’autres devises et donc se retrouvent vendeurs naturels de BTC qu’ils produisent pour couvrir ces dépenses. Lors d’un halving, leurs coûts d’exploitation bougent à peine alors que leur rémunération est mécaniquement divisée par 2. Il faut donc qu’il y ait une forme de compensation au niveau des prix.

Les actions ne semblent pas un très bon pari à court terme
du fait de la dépression qui nous attend.

Ce scénario favorable que l’on pourrait anticiper est-il compatible avec la crise actuelle que nous subissons depuis 2 mois? Il est vrai que dans le cœur de la crise sur les marchés actions (du 9 au 16 mars) le BTC a connu une chute vertigineuse avec une baisse de 38% le 12 mars. Mais cette semaine-là, il est à noter que tous les actifs ont fortement chutés, l’or baissant de quasiment 10% et le 10 ans US se tendant de près de 100bps. Or ce sont des actifs refuges par nature. Depuis, l’ensemble des actifs se sont repris, le BTC revenant sur ses cours d’avant la chute historique. Ceci a eu lieu dans un contexte favorisé par l’ouverture des vannes de la part des grandes banques centrales et des gouvernements. Contrairement à la crise de 2008 où les autorités ont mis du temps à réagir, elles ont été cette fois-ci extrêmement rapides dans leur réponse d’une ampleur sans précédent. Malheureusement, tout cela se paiera à un prix qu’il faudra régler tôt ou tard. Toutes les conditions sont réunies pour une inflation importante dans les années à venir car les banques centrales seront obligées de continuer à imprimer à tour de bras pour éponger les déficits des Etats et soutenir les marchés financiers.

Dans ce nouveau contexte, il est difficile de savoir où investir. Le fait que les banques centrales impriment sans contrepartie milite pour investir sur des actifs réels qu’elles ne peuvent pas imprimer. Les actions ne semblent pas un très bon pari à court terme du fait de la dépression qui nous attend. L’immobilier est quand même lié à la santé économique car il faut bien des salaires pour rembourser les crédits et un minimum de perspective pour que les préteurs acceptent de jouer leur rôle. Restent les métaux précieux qui devraient être favorisés par cet environnement. Le Bitcoin qui est né lors de la dernière crise financière pourrait aussi très bien tirer son épingle du jeu du fait de l’émergence de la technologie blockchain et du nombre fini de BTC qui seront produits dans le temps. En cas de faillite de certaines monnaies, il pourrait même devenir une alternative crédible car tout à fait adaptée au monde digital et international actuel, étant, par nature, sans risque de contrepartie.

 

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