Commentaire hebdomadaire de Raiffeisen

Raiffeisen Suisse CIO Office

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Donald Trump a froidement douché via Twitter les espoirs actuels d’un règlement pacifique du conflit commercial avec la Chine.

Les USA contre la Chine: qui est-ce qui va se défiler en premier? Deux tweets et 102 mots du président Trump auront suffi dimanche soir dernier pour interrompre le calme apparent sur les marchés financiers cette semaine. Le bilan provisoire de la dernière tempête due aux tweets de Trump en date de jeudi soirse chiffreà -8% pour le marché des actions chinois, à des pertes de cours entre 2% et 3% pour les blue chips en Suisse et outre-Atlantique ainsi qu’à une nette hausse de la volatilité. L’optimisme concernant un règlement prochain du conflit commercial a disparu pour l’instant, et la crainte d’une nouvelle escalade, voire d’une réelle guerre commerciale s’est renforcée.

La hausse des sanctions douanières, comme annoncée dans la menace du président Trump, de 10% à 25% sur les denrées valant 200 milliards de dollars a été mise en œuvre à «minuit et 1 minute» la nuit du jeudi au vendredi. Après que le négociateur en chef du gouvernement chinois, Liu He, soit arrivé à Washington seulement hier pour de nouvelles discussions, le temps permettant un règlement à court terme était tout de même très serré. Malgré tout, les négociations continuent, car même si le délai est passé, il reste encore un peu de temps pour conclure un «deal». En effet, l’administration Trump a confirmé que les nouveaux tarifs douaniers ne seront perçus que sur les biens nouvellement envoyés aux USA. Les Chinois auraient donc encore deux à quatre semaines pour réagir aux exigences américaines.

Des transferts de technologie forcés, de l’espionnage industriel, la protection de la propriété intellectuelle, des subventions pour les entreprises (étatiques) chinoises: voilà les sujets qui font obstacle à une solution du conflit commercial. Les USA ne se contentent pas du fait que la Chine achète simplement un peu plus de matières premières agricoles, mais ils souhaitent arriver à un accord ancré dans la loi sur les points critiques. Toujours est-il que les Chinois s’y opposent avec force et les Américains ont peu à offrir en échange au rival économique. Même l’annulation des sanctions douanières mises en place et que les Chinois exigent, n’est pas l’objet des débats pour eux à l’heure actuelle. Les négociations pourraient donc échouer uniquement en raison dufait que le président chinois Xi Jinping, de peur de perdre la face chez lui, envoie une fin de non-recevoir à la diplomatie, préférant une guerre commerciale.

Donald Trump semble tenir le couteau par le manche pour l’instant. Mais à ce jour, son comportement ne constitue rien d’autre qu’une tactique, comme il l’a si bien décrite dans son best-seller The Art Of The Deal. Cependant, à moyen terme, il sera également soumis à des contraintes: notamment pour les prochaines élections de 2020. Jusqu’à présent,le président américain n’a pas beaucoup plu, en tout cas pas à une partie de sa clientèle, en raison de sa politique extérieure agressive. Les tarifs douaniers sur l’acier et l’aluminium ont par exemple donné lieu à autant de perdants que de gagnants, alors que ceux sur les matières premières agricoles n’ont pas permis à de nombreux fermiers d’écouler leurs produits. Si Trump continue de tirer sur la corde douanière et augmente encore les tarifs douaniers sur le reste des exportations chinoises d’une valeur d’environ 325 milliards de dollar US, cela finirait par toucher aussi de larges pans de consommateurs. Avec une victoire électorale en vue, il ne serait pas étonnant qu’il préférerait présenter un «deal» à ses électeurs lors de la phase la plus tendue dela bataille électorale. Peut-être qu’au final, la farine de soja sera quand même plus importante à ses yeux que les questions économiques et de politique de sé-curité à long terme. En coulisses à la Maison blanche, les discussions devraient se poursuivre ces prochaines semaines à ce sujet.

Graphique de la semaine

L’économie grecque est de nouveau en bonne voie et devrait croître de plus de 2% en 2019. La meilleure situation se reflète aussi dans les enquêtes auprès des entreprises et contraste fortement par rapport au moral dans le reste de la zone euro.

GROS PLAN

Taux en Nouvelle-Zélande: nouveau plancher. Au vu d’un faible marché de l’emploi et d’une inflation (trop) basse, la banque d’émission a de nouveau abaissé les taux cette semaine: avec 1,5%, le taux directeur se situe à un nouveau plancher.

Le marché de l’emploi suisse reste robuste. En avril, le taux de chômage de 2,4% est demeurefaible, atteignant le niveau le plus bas à ce jour. Dans certains secteurs, le repli de l’économie ces derniers temps commence à se faire sentir.

LE PROGRAMME

Du succès à la quatrième reprise? Theresa May soumettra de nouveau le «deal» avec l’Union européenne à un vote au Parlement avant les élections européennes du 23 mai. Le temps presse.

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