Commentaire hebdomadaire de Raiffeisen

Raiffeisen Suisse CIO Office

2 minutes de lecture

Comme la Grande-Bretagne a refusé d’introduiredes contrôles douaniers à la frontière avec l’Irlande du Nord, l’UE a fait valoir qu’il s’agissait clairement d’un mépris du contrat.

Brexit, quo vadis? La Grande-Bretagne et l’Europe ayant enfin trouvé un accord à Noël, fin 2020, le chaos commercial semblait avoir été évité. Et bien non. Le Brexit n’a pas fini de faire la une. Lundi dernier, l’UE a ouvert une procédure contre la Grande-Bretagne pour violation de l’accord de sortie. Ce nouveau litige provient d’une règle particulière qui concerne l’Irlande du Nord. En effet, Bruxelles reproche à Londres de modifier unilatéralement les accords et de violer le protocole de 2019, qui prévoit notamment qu’après le Brexit, l’Irlande du Norden tant qu’Etat européen à part entière reste soumise aux règles du marché intérieur de l’UE. L’objectif était de rendre superflus les contrôles aux frontières avec l’Irlande, mais d’en exiger pour le transport de marchandises avec la Grande-Bretagne. A l’origine, de tels contrôles auraient dû commencer dès fin mars, après l’expiration de la phase transitoire. Mais Londres refuse d’instaurer ces contrôles pour les importations car elle craint voir l’Irlande du Nord totalement isolée du reste de son Empire. Toujours est-il que les marchés, eux, n’ont guère réagi car ils estiment qu’il ne s’agit que d’un petit désaccord politique. En effet, la livre sterling a certes fléchi de 0,21% par rapport à l’euro, mais elle continue d’évoluer de plus belle à un niveau nettement supérieur à celui du début de l’année.

Inquiétudes autour de l’inflation, hausse des taux et Fed. Les investisseurs attendaient impatiemment la réunion de mars de la Fed, prévue pour le milieu de cette semaine. Les craintes d’inflation aux USA ont nettement crû ces dernières semaines (cf. graphique de la semaine). Et les taux ont fait pareil. En effet, les obligations d’Etat américaines à 10 ans ont atteint la barre des 1,6% c’est-à-dire un pic jamais vu depuis plus d’un an. Ce taux a même surperformé le rendement moyen sur dividende de l’indice S&P500 (1,5%) et les obligations d’Etat US regagnent en importance comme alternative aux actions. Mais pour l’économie, qui reprend son souffle, ce ne sont pas de bonnes nouvelles car cela implique un durcissement des conditions de financement sur le marché des capitaux. Bien que les rendements obligataires aient augmenté moins fortement en Europe, la BCE avait déjà annoncé, une semaine avant, vouloir accélérer son programme d’achat d’obligations pour contre-balancer les évolutions du marché. On se demandait alors comment les gardiens de la monnaie américaine allaient réagir face à cette agitation dans le secteur obligataire, mais la réponse de la Fed était tout sauf spectaculaire: rien ne changera. Pour les banquiers centraux autour de Jerome Powell, qui s’attendent à une reprise accélérée de l’économie, cette situation ne constitue pas pour autant une raison d’avoir recours à une politique monétaire plus restrictive.

La rotation sectorielle donne des ailes aux valeurs cycliques. Parmi les titres du SMI, trois valeurs cycliques ont connu leur meilleure performance depuis le début de l’année: il s’agit du groupe industriel ABB (+17,2%),du fabricant de montres Swatch Group (+16,6%) et du fabricant de biens de luxe Richemont (+15,1%). Les actions respectives du trio ont devancé leur niveau d’avant le coronavirus. Une rotation sectorielle a déclenché ce rallye ces dernières semaines. En effet, la hausse des taux et la croyance des investisseurs en une reprise prochainede l’économie mondiale ont terni l’attrait des titres de croissance en comparaison avec ceux plus sensibles à la conjoncture. A en croire les analystes, la marge de manœuvre à la hausse deviendrait donc plus faible par manquede nouvelles impulsions: les actions d’ABB et du Swatch Group cotent bien 6% et 3% respectivement, juste au-dessus de leur objectif moyen de cours à douze mois, et les papiers valeurs de Richemont n’en sont pas trop loin, juste en dessous.

Graphique de la semaine

La forte hausse récente des prix des matières premières a suscité des craintes d'inflation (à court terme), ce qui se reflète clairement dans les prévisions aux USA. Le ratio «break-even» à 2 ans (calculé comme la différence entre les US-TIPS et les rendements réels américains) a enregistré avec près de 2,7% un pic depuis l'été 2008. En plus, cet écart de 50 points de base par rapport à son homologue à 30 ans est le plus élevé depuis 2005.

GROS PLAN

Aussi rouge que ses trains. La holding BVZ a essuyé la première perte de son histoire: 7 millions de francs. Ce partenaire du «train rapide le plus lent au monde», le Glacier Express, fait ainsi clairement partie des perdants du coronavirus.

LE PROGRAMME

Revue de politique monétaire. Le 25 mars, la Banque nationale suisse (BNS) fera sa première analyse de la situation en matière de politique monétaire de la nouvelle année.

A lire aussi...