Comment le coronavirus impacte la création de portefeuille

Jean Boivin, BlackRock

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Il est temps pour les investisseurs d’arrêter d’opposer les instruments de gestion sous l’angle actif ou passif.

Alors que les investisseurs naviguent en eaux inconnues dans le sillage de l’épidémie de coronavirus, la valorisation des actifs et les nouvelles hypothèses macroéconomiques à moyen terme changent radicalement la donne. Quatre thèmes sont primordiaux pour les investisseurs souhaitant faire évoluer leurs portefeuilles.

Repenser les fondamentaux des stratégies d’allocation

Si des flux de capitaux importants ont été enregistrés au cours des dernières semaines, l’essentiel des mouvements observés a consisté en des ajustements tactiques, principalement liés à des opportunités d’investissement, notamment dues à la valorisation des actifs lors de phase de dislocation des marchés.

Ce moment est donc opportun pour repenser l’allocation stratégique des actifs. Selon nos clients, mais aussi nos investisseurs multi-assets, il convient de repenser les sources de diversification des portefeuilles, y compris pour la composante obligataire ainsi que la place des stratégies environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) dans un univers d’investissement ayant subi, en à peine un mois, une transformation radicale.

Les emprunts d’État chinois pourraient être intégrés
comme source de résilience additionnelle.

A ce titre, il est nécessaire pour les investisseurs de diversifier les portefeuilles obligataires au-delà des obligations d’État des marchés développés, qui ont peu de chances de fournir une protection réellement efficace en cas de nouvelles baisses du marché. Les emprunts d’État chinois, par exemple, pourraient être intégrés comme source de résilience additionnelle. Par ailleurs, sur la base de diverses analyses modélisant divers scénarios d’évolution des marchés, la réévaluation des actifs risqués devrait inciter les investisseurs à long terme à leur accorder une place accrue dans leur allocation stratégique d’actifs.

Durabilité: vers une réelle transformation du portefeuille

Le rééquilibrage des portefeuilles représente une opportunité de remplacer certains actifs traditionnels par des actifs durables puisque l’intégration des critères ESG permet d’optimiser la performance potentielle des portefeuilles à long terme.  Une analyse que nous avons réalisée par à ce sujet, portant sur plus de 750 portefeuilles de grandes institutions, indique que les portefeuilles dont les scores ESG sont « supérieurs à la moyenne » ont davantage tendance à privilégier une approche d’investissement factoriel orienté vers les titres de qualité. Ces profils de facteurs plus défensifs sont susceptibles de mieux performer lors de période de volatilité, renforçant ainsi la résilience des portefeuilles.

Nous sommes à l’aube d’une avancée majeure de la vague d’investissement durable en Europe, reposant d’une part sur les révisions d’allocation stratégique des actifs menée à la suite des mouvements du marché et d’autre part sur l’accroissement significatifs des données ESG et des technologies permettant de les exploiter. 

Préserver de la flexibilité

S’il demeure important pour les investisseurs de maintenir une poche de liquidité au sein des portefeuilles, le fait de conserver des actifs liquides peut avoir des implications et des coûts importants, qui pourraient empêcher les investisseurs d’optimiser les bénéfices d’une éventuelle reprise du marché.

La granularité des expositions liée aux ETF offre aux investisseurs
la possibilité de reproduire facilement leur allocation stratégique d’actifs.

Dans ce contexte, de plus en plus d’investisseurs se tournent vers les fonds indiciels cotés (ETF) pour constituer leur enveloppe d’actifs liquides. En effet, la granularité des expositions permise par les ETF offre aux investisseurs la possibilité de reproduire facilement leur allocation stratégique d’actifs au travers de titres aisément vendables en cas de révision forcée de leur stratégie. Cette tendance s'est confirmée pendant les dernières semaines au cours desquelles les ETF ont permis un accès efficace aux marchés.

Arrêter l’opposition entre gestion active et passive

Certains investisseurs se demandent encore souvent, pour chaque classe d’actifs, s’ils doivent choisir une allocation active ou passive. Nous sommes convaincus que cette approche ne permet pas d’obtenir un rendement optimal: chaque décision d’investissement est active et il est temps pour les investisseurs d’arrêter d’opposer les instruments de gestions sous cet angle. Les différentes sources de rendement et les produits d’investissement qui leur correspondent doivent au contraire être associés en utilisant des stratégies à la fois génératrices d’alpha, factorielles et indicielles. Il n’existe pas de stratégie miracle: les investisseurs doivent rechercher, en fonction de leurs objectifs et leurs contraintes, des sources de rendement variées permettant de minimiser les coûts.

La recherche d’alpha est bouleversée par les avancées technologiques, une meilleure utilisation des données et la croissance des fonds indiciels qui offrent un accès aux marchés à bas coût. Ces tendances permettent aux investisseurs de se concentrer davantage sur les rendements idiosyncratiques, le timing des facteurs et les choix d’allocation. À terme, ces évolutions profiteront à tous les investisseurs.

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