Trois stratégies pour débuter. Avec Fiorenzo Manganiello et Pierre-Emmanuel Besnard (photo), de Lian Group.
Un genre nouveau d’actifs enregistrés sur la blockchain est apparu sous l’acronyme de NFT (pour jetons non fongibles en français). Ces objets numériques sont cotés en crypto devises, la plupart du temps en Ethereum ou en Solana, en fonction de la blockchain sur laquelle ils ont été construits.
Dans la première partie, nous avions survolé les particularités du jeune marché des NFT qui s’adresse avant tout à des investisseurs éclairés. Dans ce deuxième volet, Fiorenzo Manganiello, co-fondateur de Lian Group, et Pierre-Emmanuel Besnard, directeur des investissements font part de trois stratégies pour accéder à cet univers.
Incontournables pour acquérir des NFT, les plateformes d’échanges comme Opensea ou Rarible pour Ethereum et Solanart, Solsea ou encore Magic Eden pour la devise Solana sont les plus courantes. Mais avant de s’y inscrire, le futur collectionneur devra se créer un porte-monnaie virtuel (crypto wallet en anglais), chez un fournisseur tel que Phantom pour traiter le Solana ou Metamask pour acheter de l’Ethereum, puis le garnir de la devise virtuelle dans laquelle sont traités les NFT qu’il désire acquérir. «Solana a explosé au mois d’août 2021 à cause des coûts de transaction (gas fee) excessifs de l’Ethereum. D’ailleurs, c’est une activité importante sur les NFT qui soutient le cours de l’Ethereum», explique Pierre-Emmanuel Besnard.
Opensea, où se traite 89% du volume mondial de l’art numérique, propose la plupart des collections offertes sur la blockchain Ethereum et offre un classement des créations les plus populaires par le volume de vente, par le prix et le nombre de collectionneurs afin de guider l’investisseur dans ses choix d’acquisition. «Les utilisateurs peuvent poster des messages, acheter ou transférer des œuvres à des tiers, placer un bid (un ordre d’achat) sur une pièce, trier les collections en fonction de leur volume ou du floor (le prix plancher du tirage le moins cher), connaître la moyenne des prix ainsi que les dernières cotations sur le marché secondaire,» précise Fiorenzo Manganiello. C’est sur le marché primaire que les acheteurs peuvent tenter d’acquérir un nouveau NFT en entrant dans une liste d’attente, en espérant que le prix initial sera plus bas que le prix moyen sur le marché secondaire. Plus généraliste, la plateforme de commerce en ligne EBAY propose dorénavant aussi des NFT.
Acheter le tirage le moins cher dans l’idée que le cours de la collection s’élèvera, payer une prime parce que l’on pense qu’une œuvre de qualité prendra encore plus de valeur: à chacun d’adopter la tactique la plus judicieuse selon la nature de la création.
Fiscalement, les œuvres numériques sont non-réglementées et non-assujetties. Toutefois, les principaux sites de courtage de monnaies virtuelles effectuent une due diligence lors de l’ouverture du compte, c’est-à-dire que l’identité du détenteur doit être clairement renseignée.
A l’attention des collectionneurs qui boudent les artistes numériques (ou qui ne les comprennent tout simplement pas), il est également possible d’investir dans de l’art digital avec un point d’ancrage sur le monde de l’art physique. La plateforme «LaCollection» propose des NTF basés sur des œuvres et des collections réelles d’artistes contemporains. Elle s’est associée avec le British Museum pour proposer des NFT et permettre aux musées de créer de la valeur sur leurs collections. «Le système est similaire aux autres marketplaces, avec des types de pièces variées et des attributs différents à l’intérieur de chaque tirage. C’est une solution intéressante qui permet aux musés de monétiser les œuvres dont ils détiennent la propriété physique mais dont ils revendent la propriété numérique, explique Pierre-Emmanuel Besnard». La plateforme propose pour l’instant une nouvelle collection tous les 3 mois, pendant laquelle ses œuvres seront ouvertes à la vente.
Dans l’univers des métavers, il est déjà possible de faire l’acquisition de biens immobiliers. Si le concept semble étonnant, il est régi par les mêmes lois que l’immobilier réel: les terrains les mieux situés sont les plus sollicités et les plus chers. Toutefois les communautés qui soutiennent les différents métavers ont aussi une influence sur leur valorisation: plus un métavers et populaire, plus grand est le nombre d’acheteurs poussant les prix à la hausse.
Sur le métavers OVR, la carte du monde est reproduite et divisée en parcelles octogonales réparties sur les cinq continents. Nous avons pris un moment pour examiner nos terres genevoises. «Les zones situées au bord du lac sont déjà toutes vendues, car dans l’éventualité d’un feu d’artifice virtuel sur Internet, les propriétaires seront aux premières loges, comme dans la vrai vie», explique Fiorenzo Manganiello. Du côté de nos voisins français, certains internautes ont dépensé des milliers de dollars pour une parcelle près de la tour Eiffel, un intérêt vif pour un investissement dont le risque reste toutefois hautement élevé. Parmi la kyrielle d’univers parallèles qui coexistent, les plus populaires sont aujourd’hui Decentraland – dont la capitalisation dépasse 5 milliards de dollars US – et Sandbox. «C’est grâce à leur écosystème et la demande pour des terrains que la valeur de la crypto devise sous-jacente monte. Il y a 5 ans, les terrains virtuels ne valaient rien, mais aujourd’hui ils sont revendus pour des dizaines de milliers de francs», précise Fiorenzo Manganiello.
Mais beaucoup d’univers virtuels pourraient vite être éclipsés par l’arrivée du métavers promis par Mark Zuckerberg. «Avec sa force de frappe de 2 milliards d’amis, le métavers de Facebook s’appuierait sur la plus grande communauté au monde», explique Fiorenzo Manganiello qui préconise d’investir dans les emplacements de premier choix ainsi que sur les plateformes les plus populaires.