CoCo vert: plus de questions que de réponses

Charlene Malik, TwentyFour Asset Management

2 minutes de lecture

Les émissions de CoCo vert peuvent-elles encourager les banques à augmenter leurs prêts durables?

La semaine dernière, Banco Bilbao Vizcaya Argentaria (BBVA) a annoncé l’émission de la toute première obligation hybride de catégorie 1 (AT1), une émission perpétuelle de 5,5 ans avec un prix initial à 6,5 %. Cet évènement a immédiatement déclenché un débat animé sur la nature et l’évolution du «capital bancaire vert».

Renforcer la durabilité

Cette émission vise à aider l’engagement de la banque espagnole à fournir 100 milliards d’euros de financement durable d'ici 2025. Toutefois, d’après la documentation, cette nouvelle émission pourrait servir à refinancer une autre émission de type AT1 émise par BBVA. Ceci génère une certaine confusion. L’objectif de cette obligation est-elle de soutenir des prêts à des projets durables, ou est-elle destinée à refinancer un AT1 existant?

BBVA dispose déjà de 2,9 milliards d’euros d’actifs verts éligibles en portefeuille, donc techniquement, elle pourrait faire les deux. La question reste toutefois de comprendre si cette émission renforcera vraiment la durabilité de l’entreprise d’un point de vue ESG, et sur ce point, nous avons quelques réserves pour le moment ; cette transaction pourrait amener BBVA à augmenter ses prêts ESG, mais elle pourrait également n’avoir aucun impact.

Le marché des obligations vertes est relativement
jeune et toujours en transition.
Un cadre normatif indispensable

L’émission d’obligations vertes s’accélère alors qu’un nombre croissant d’investisseurs s’intéressent aux questions ESG et la durabilité des entreprises, avec près de 271 milliards de dollars de ces obligations émises en 2019. Le défi majeur de ce secteur encore relativement jeune est de surveiller l’usage des capitaux et le reporting qui les accompagne.

Nous pensons que ces points se résoudront à un moment donné, peut-être grâce à un cadre normatif plus standardisé, mais il n’existe pour l’instant aucun moyen de s’assurer que le produit des transactions «vertes» aille à des projets «verts». BBVA semble cependant avoir tenu compte de certains de ces points.

Dans un premier temps, la banque entend «élaborer un portefeuille de projets associé au capital levé» pour toutes ses obligations vertes (ou sociales ou durables) afin de garantir sa conformité en matière d’«utilisation des produits». Ensuite, BBVA publiera un rapport annuel sur les obligations préparé par son comité obligataire responsable de l’alignement aux Objectifs de développement durable (ODD), qui, nous l'espérons, détaillera chaque investissement vert facilité par l’émission d’obligations. Nous devrons faire preuve d’un peu de patience pour voir la gestion de tous ces aspects par la banque, et s’il existe un audit clair de l'utilisation des produits.

Ajouter une autre dimension

Le marché des obligations vertes est relativement jeune et toujours en transition. Avec cette émission inaugurale d’un instrument de capital vert ajoutant une autre dimension au secteur, nous sommes impatients de voir comment les investisseurs traditionnels en capitaux bancaires et les acheteurs plus axés sur les ESG gèreront l'innovation. Nous espérons que la transaction suscitera un grand intérêt au sein de la communauté des investisseurs, ce qui encouragera probablement d’autres banques à suivre le même chemin. Il faudra encore attendre pour observer l’évolution du marché, et la capacité des transactions de type Coco vert à effectivement encourager les banques à augmenter leurs prêts durables.

BBVA est une banque que nous suivons depuis longtemps sur le plan du crédit en général, et au vu des premiers avis, un grand nombre d’investisseurs sont susceptibles de conclure que la nouvelle obligation peut être intéressante, avec ou sans le label vert.

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