Biden, du New Deal au Fair Deal

Wilfrid Galand, Montpensier Finance

1 minute de lecture

Joe Biden a fait une entrée remarquée à la Maison Blanche. Mais son modèle pourrait bien être Truman plutôt que Roosevelt.

Joe Biden vient de fêter ses cent jours à la tête de l’administration américaine. Après une vaccination à marche forcée, et trois plans massifs d’investissements et de dépenses sociales financées en partie par l’impôt, le bilan est déjà dense !

Face à cette frénésie, les comparaisons avec Franklin Roosevelt et son «New Deal» font florès. Pas sans de vraies raisons.

Tout d’abord, le retour en force de la dépense publique. Bien sûr, Trump avait ouvert la voie avec un premier plan de soutien de 900 milliards décidé à l’automne 2020. Mais Biden change de dimension, à la manière de Roosevelt créant de multiples agences publiques et proposant un «filet de sécurité» social aux travailleurs américains. Si l’on cumule l’ensemble des plans proposés par la nouvelle administration, on dépasse les 30% du PIB américain qui pourrait être injecté dans l’économie en quelques années.

Même si la nouvelle administration a suspendu les hostilités douanières avec l’Europe, elle n’a pas renoncé aux taxes à l’importation depuis la Chine.

Ensuite en poursuivant la politique de son prédécesseur «l’Amérique d’abord»: Même si la nouvelle administration a suspendu les hostilités douanières avec l’Europe, elle n’a pas renoncé aux taxes à l’importation depuis la Chine et maintient le Vieux Continent sous pression pour ne pas laisser s’installer un «impôt mondial» qui ciblerait en priorité les entreprises américaines. La méthode est identique à celle de Roosevelt maintenant les tarifs Hawley-Smoot promulgués par Herbert Hoover en juin 1930 qui déclenchèrent la vague protectionniste des années 1930.

Enfin, en affirmant la puissance de l’Etat face aux intérêts privés. On pense aux premières décisions en matière d’objectifs climatiques mais aussi à la nomination à la tête de l’Agence Nationale pour la Concurrence de Lina Khan, juriste réputée pour ses positions très dures à l’égard des géants de la technologie. A son époque, Roosevelt avait également surpris en s’attaquant en 1934 à la compagnie d’électricité Commonwealth and Southern de Wendell Wilkie pour maitriser l’électrification du territoire.

Néanmoins, l’approche de la nouvelle administration, confrontée au défi stratégique chinois et à un Congrès bien plus partagé qu’à l’époque, devrait être plus proche de Truman et de son «Fair Deal». Après les tensions très fortes de l’ère Roosevelt – qui était allé jusqu’à obliger les américains à vendre leur or sous peine d’amende ou même de prison ! – Truman s’est attaché à chercher un équilibre entre les forces vives du pays, pour maintenir sa cohésion après la guerre.

Trouver et maintenir ce cap équilibré dans un pays fragmenté par la crise et les années Trump sera la clé de la réussite de Joe Biden. En vieux routier du Sénat – il y a été élu pour la première fois voici 49 ans ! – il a tous les atouts pour y arriver.

A lire aussi...