Aviva Investors: perspectives 2021 sur la dette émergente

Liam Spillane, Aviva Investors

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Après un début d’année hésitant, les marchés obligataires émergents semblent être en bonne voie pour enregistrer des performances positives en 2020.

Les injections d’énormes quantités de liquidités par les banques centrales incitent à un optimisme prudent quant à la poursuite de cette tendance.

Les banques centrales du monde entier ont acheté des montants record d’obligations et d’autres actifs en réponse à la crise de la Covid-19, injectant par là même des quantités record de liquidités sur les marchés financiers. Les pays émergents, où les banques centrales ont dans certains cas eu recours à l’assouplissement quantitatif et des politiques non conventionnelles pour la première fois depuis de nombreuses années, n’ont pas fait exception.

En conséquence, les investisseurs du monde entier regorgent de liquidités. Les marchés obligataires développés offrant de faibles perspectives de performance, la demande de dette émergente, en particulier d’obligations souveraines en devise forte, a été soutenue.

Si le lancement des campagnes de vaccination laisse entrevoir des conditions économiques plus favorables en 2021, les banques centrales devraient toutefois prendre garde de ne pas procéder à un resserrement trop précipité de leur politique monétaire. Cette situation devrait continuer à encourager la demande d’actifs à haut rendement tels que la dette émergente, notamment en raison de sa capacité à offrir une véritable diversification à un portefeuille.

L’épidémie de coronavirus a eu un impact très différent sur les économies des pays émergents. En général, les États asiatiques ont relativement bien résisté, tandis que d’autres, notamment en Amérique latine, ont été beaucoup plus durement touchés.

Les perspectives économiques en 2021 apparaissent un peu plus prometteuses même si, comme toujours, les investisseurs doivent être conscients que la dette des marchés émergents ne constitue pas une classe d’actifs homogène. Si certains pays sortiront probablement relativement indemnes de la pandémie, d’autres ont cependant été gravement touchés.

La détérioration rapide de l’environnement économique a entraîné de lourdes chutes des devises émergentes. Cela explique en partie pourquoi la dette émergente en devise forte a largement surperformé celle en devise locale en 2020.

Nous continuons de privilégier la dette en devise forte. Toutefois, la dette en devise locale pourrait commencer à devenir de plus en plus attractive si l’environnement économique mondial s’améliore plus rapidement que nous ne le prévoyons actuellement, par exemple à la suite du lancement des campagnes de vaccination.

La surabondance des liquidités au niveau mondial a permis aux pays émergents de mener des politiques monétaires et budgétaires extraordinaires, tant par leur ampleur que par leur mise en oeuvre. Toutefois, à mesure que le monde commence à revenir à une certaine forme de normalité, il existe désormais un grand risque pour certaines économies émergentes de voir la viabilité de nombre de ces politiques commencer à être remise en question.

Les marchés ont jusqu’à présent accordé aux pays émergents le bénéfice du doute car le monde a été inondé de liquidités. Le risque pour certains est que, lorsque les banques centrales vont commencer à fermer les robinets, le contexte devienne moins favorable.

Les rendements sur les marchés obligataires développés demeurent extrêmement faibles. Si la distribution des vaccins conduit à une reprise économique plus vigoureuse, il est probable que nous verrons les rendements augmenter sur les marchés développés. Dans cet environnement, les investisseurs dans la dette émergente devraient alors témoigner de beaucoup plus de discernement.

De nombreux pays émergents ont enregistré une croissance économique plus faible pendant la décennie précédant la Covid-19 sous l’effet de la stagnation du commerce international et de l’absence de la mise en oeuvre de réformes structurelles. Les vaccins pourraient certes conduire à un rebond économique en 2021, mais les inquiétudes liées aux perspectives de croissance à long terme des pays émergents ne devraient pas pour autant disparaître.

Il est donc plus probable que les investisseurs commenceront à un moment ou à un autre à s’interroger sur la capacité de certains pays à maîtriser à nouveau leur dette publique qui a explosé en 2020. La soutenabilité de la politique monétaire pourrait également être remise en question.

Au sein des marchés financiers, le séisme provoqué par la pandémie de coronavirus n’est nulle part plus manifeste que sur les marchés émergents. Le soutien sans précédent des banques centrales et des gouvernements a contribué à stabiliser les marchés.

Même avec des vaccins offrant une perspective de reprise économique, il semble peu probable que ce soutien soit retiré de manière précipitée. Pour le moment, cela pourrait encourager une plus grande prise de risque et, ce faisant, conduire à une surperformance de la dette en devise locale. Toutefois, les investisseurs marchent sur la corde raide. Ils ne doivent pas oublier les dommages durables qui ont été causés aux finances de nombreux pays et être attentifs à tout signe indiquant que les banques centrales pourraient retirer leur soutien à la liquidité plus tôt que prévu.

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