Diversification avec la dette émergente

Salima Barragan

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«Les investisseurs ne tiennent pas compte de l’effet de diversification de la dette émergente», déclare Liam Spillane chez Aviva investors.

En termes de PIB, les marchés émergents comptent désormais pour près de 60% de l'économie mondiale. Mais les investisseurs, dont le comportement est biaisé, sous-pondèrent structurellement ce marché au sein de leur allocation de dette. Éclairage avec Liam Spillane, Responsable de la dette des marchés émergents chez Aviva Investors.

UNE CLASSE D’ACTIFS INCOMPRISE

En matière de dette émergente, les investisseurs institutionnels seraient en porte-à-faux avec la théorie moderne du portefeuille. «Ils devraient être davantage exposés à la dette émergente dans le cadre d’une allocation efficiente du crédit et des taux globaux», estime Liam Spillane. La raison de cette sous-pondération? «Les investisseurs la considèrent comme une allocation en soi, et omettent de tenir compte de son effet de diversification sur la totalité du portefeuille», nous répond-il.

Un nombre toujours plus important de pays inclus dans les indices
rend l’univers d’investissement de plus en plus captivant.

L’amélioration du crédit de cette classe d’actifs, devenue plus mature, encouragera les investisseurs à mieux la considérer. Alors que deux tiers des obligations étaient à haut rendement il y a cinq ans, aujourd’hui, la moitié de celles incluses dans le benchmark en monnaie de référence sont notées «Investment grade».

Aussi, un nombre toujours plus important de pays inclus dans les indices (73 pays sur le benchmark en dollar US contre 19 sur celui en devises locales) rend l’univers d’investissement de plus en plus captivant. Après l’intégration de l’Argentine et de la République Tchèque dans le benchmark en devise locale et les pays du GCC en monnaie de reference, son développement se poursuit. «La Chine sera également incorporée dans un futur proche»,se réjouit Liam Spillane

Aviva Investors est positionnée sur les taux bas en Chine, un pari qu’elle prend en dehors de son benchmark. «Nous sommes confiants sur les capacités des autorités chinoises à promouvoir la stabilité économique domestique à travers leur stimulus en cours, mais également à garantir celle des marchés financiers internationaux à travers leur gestion du taux flottant du renminbi», estime-il.

SENSIBILITé AU TAUX D’INTéRêTS

Les détracteurs de la dette émergente argumentent que sa sensibilité élevée aux hausses de taux d’intérêt, ce qui fait mécaniquement baisser le prix des actifs, n’est pas appropriée dans un environnement d’incertitudes sur les taux. Pour Liam Spillane, ces inquiétudes n’affecteront pas toutes les entreprises et les pays de la même façon. «Une approche active, pour les differencier, est cruciale. Mais actuellement, les taux sont orientés à la baisse, les banques centrales restent accommodantes et sont aussi capables que disposére à supporter les marchés financiers».

Les pays dits à «haut bêta» peuvent être plus réactifs
à une hausse – ou à une baisse – du taux d’intérêt américain.

Les pays dits à «haut bêta» peuvent être plus réactifs à une hausse – ou à une baisse – du taux d’intérêt américain. «L’Indonésie, l’Afrique du Sud et le Mexique sont des plus sensibles. Rajoutons à cela les pays africains sur l’univers de la dette en devise de référence qui sont typiquement très réactifs aux changements de sentiment», explique le gérant.

FAVORISER LA DETTE EN DEVISE DE RéFéRENCE

Depuis cette année, la dette en dollar US, moins volatile et naturellement plus défensive, continue de susciter le plus d’intérêt de la part des investisseurs. «Sur 38 milliards investis cette année par des clients, trois quarts ont été alloués à des fonds en dollar US», souligne Liam Spillane. Depuis le début de l’année, les rendements totaux atteignent 11% (contre environ 8% sur la dette en monnaie locale*). «Pour le moment, nous pensons que les incertitudes sur la croissance mondiale et les disputes commerciales offrent un bon environnement pour les actifs à taux fixes et a été bénéfique pour tous les marchés de la dette des régions émergentes. Dans une perspective d’avenir, nous nous  attendons à ce que leurs rendements continuent à être positifs», prévoit Liam Spillane, qui favorise l’Ukraine, le Nigeria et le Kenya en dette en dollar mais voit également des opportunités en devise locale sur le Pérou, l’Indonésie et la Russie.

 

* calculé en base dollar US.