Allemagne: plaidoyer pour stimuler l’investissement par des réformes structurelles

Raymond Van Der Putten, BNP Paribas

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Il se pourrait que le Conseil allemand des experts économiques et la présidente de la BCE partagent la même appréciation de la situation économique.

L’économie allemande stagne depuis le deuxième semestre 2018. Au deuxième trimestre 2019, le PIB a baissé de 0,1% et une baisse similaire est attendue au troisième trimestre (publication des chiffres le 14 novembre). Les indicateurs économiques témoignent d’un manque de dynamisme persistant.

Cela est dû principalement à la chute de la production industrielle liée au ralentissement du commerce international. Même si l’indice PMI du secteur manufacturier s’est redressé légèrement en octobre pour atteindre 41,7 points, il reste en dessous de 50, seuil départageant zones d’expansion et de contraction de l’activité. En revanche, l’indice PMI des services publié aujourd’hui, indique que l’activité reste à la hausse (51,6). Ces chiffres sont en phase avec l’indice Ifo publié précédemment.

L’économie allemande devrait rester atone la majeure partie de l’année 2020. La croissance du PIB pourrait atteindre le faible pourcentage de 0,2%, légèrement en dessous des prévisions de 0,5% communiquées aujourd’hui par le Conseil allemand des experts économiques (Sachverständigenrat) dans son rapport annuel.

La dichotomie qui existe actuellement entre le secteur manufacturier en recul et le secteur des services en légère progression pose problème aux décideurs allemands. Le Sachverständigenrat juge la politique budgétaire actuelle suffisamment expansionniste et indique que de nouvelles mesures de relance ne sont pas nécessaires. Il suffira de laisser les stabilisateurs automatiques opérer.

En outre, le conseil est d’avis que la politique monétaire est déjà très accommodante et «qu’il aurait mieux valu que la BCE n’ait pas repris ses achats d’obligations d’Etat, car cette mesure pourrait, notamment, mettre en danger la stabilité financière». Cela peut être interprété comme une réponse à Christine Lagarde, nouvelle présidente de la BCE, qui a récemment appelé l’Allemagne et les Pays-Bas à recourir à leur excédent budgétaire pour financer leurs investissements.

Il se pourrait toutefois que le Sachverständigenrat et la présidente de la BCE partagent, à peu de choses près, la même appréciation de la situation économique. Le Conseil note, qu’à l’instar de nombreux autres pays développés, la productivité allemande a considérablement ralenti. Il rend plusieurs facteurs responsables de cette situation: l’évolution démographique, la lenteur à adopter les nouvelles technologies et le faible niveau du dynamisme économique et d’investissement. Pourtant, pour le Conseil le remède n’est pas dans la mise en œuvre de mesures de relance mais plutôt dans la création d’un environnement favorable à l’entreprise et à l’innovation. Dans cette optique, le Sachverständigenrat a intitulé son rapport annuel: «Gérer le changement structurel».

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