La dette et les monnaies reviendront au centre des préoccupations l’année prochaine.
Le Virus a égalisé le monde en 2020. Mais les différences entre les pays et les zones géographiques se feront vite sentir l’année prochaine. La dette et les monnaies reviendront au centre des préoccupations.
En 2020, tous les pays ont enchainé les plans de soutien et de relance monétaires et budgétaires. L’intensité de ces mesures d’urgence n’a pas été identique mais l’ensemble des leviers a été utilisé. Avec une conséquence immédiate: la montée spectaculaire de l’endettement des états, des entreprises et des ménages, désormais au-delà de 360% du PIB mondial. En termes absolus, dans la seule zone euro, la dette publique et privée – hors entreprises financières – s’est accrue de 20% sur la seule année 2020.
Les banques centrales ont accompagné et soutenu ces plans de sauvegarde et de relance. Elles ont ainsi baissé massivement les taux d’intérêt, jusqu’à rendre négatifs les taux de rendement de 17'000 milliards de dettes d’états au 1er novembre 2020. Elles ont également mis en œuvre des programmes gigantesques d’achat d’obligations publiques comme privées. C’est ainsi que la Banque Centrale Européenne a acheté cette année 70% de l’ensemble des émissions des Etats de l’Union!
des effets de cette Grande Divergence.
Tout ceci semble pour l’instant parfaitement accepté par les marchés. Les conditions de financement restent très favorables et aucune «fuite devant la monnaie» n’a affecté les grandes monnaies de réserve mondiales.
Tout pourrait changer en 2021. Le reflux attendu de la pandémie, dans le sillage des vaccins annoncés, va mettre en lumière de considérables divergences dans les performances économiques des zones géographiques, des pays et des secteurs économiques.
La Chine, dont la croissance cumulée va dépasser 10% sur 2020 et 2021, et plus généralement la zone Asie à l’exception de l’Inde, a les moyens d’éviter les soubresauts financiers. Mais l’Europe, tiraillée entre les pays du Nord, emmenés par l’Allemagne dont la dette plafonnera à 71% du PIB, et ceux du Sud, à l’image de la France (120% en 2021) et de l’Italie (au-delà de 150%), pourrait bien voir resurgir les interrogations sur la solidité de la monnaie commune. D’autant plus lorsque la très europhile et centriste Angela Merkel cèdera sa place en septembre 2021.
Les Etats-Unis et le dollar ne sont pas à l’abri des effets de cette Grande Divergence. Le déficit fiscal de l’Oncle Sam va dépasser les 10% du PIB en 2021 et le ratio dette sur PIB surgira au-dessus des records de la deuxième guerre mondiale. Or la dette américaine attire de moins en moins à l’étranger. L’enjeu est la pérennité du rôle central du billet vert et plus généralement la stabilité du jeu monétaire mondial. Les banques centrales y veilleront mais, plus que jamais, la coordination internationale sera cruciale en 2020… et pas uniquement pour les vaccins!